The Nice Guys est un film qui sait faire plaisir à l'amateur de films des années 80 que je suis : martelant, de toute sa durée, ce spectateur avide de toujours plus de références culturelles, il y va bon train sur l'hommage sublime à la décennie cinématographique de genre la plus importante. Le film prend place à l'époque où l'on voyait pondre de nouvelles légendes ( Schwarzy, Harrison Ford, Cronenberg, Carpenter ) et des mythes entièrement nouveaux ( Terminator, Predator, Vador ) suite à la fin des années 70 et l'amoncellement des années 80.
De cet état de fait, Shane Black s'en sort avec grand talent, assumant toutes ses influences diverses et variées, plongeant le spectateur dans un road-trip avec une âme, une vraie. C'est un film qui a un cachet, qui a de la personnalité, et qui se démarque dès lors de tout ce que l'on peut faire de vide et de fade de nos jours. Plus proche d'une Arme Fatale que d'un Very Bad Trip, il nous plonge dans un retour en arrière, dans un retour vers le passé au temps de Retour vers le futur.
Car si le film aura une réelle aura des années 80, il y aura toujours cette mise en scène pour briser le voile de l'hommage : se prêtant gentiment à un jeu de dupes qui le vieillit volontairement, The Nice Guys ne trompe cependant pas son spectateur, ni même l'amateur de films d'action des années 80. Car si l'on y retrouvera ce qui faisait les codes des films de l'époque, il paraîtra évident que les codes de mise en scène, que la manière des filmer et les caméras utilisées pour y parvenir auront considérablement évolué.
L'on se retrouve donc avec une sorte de fossé entre l'atmosphère du film et la manière employée pour l'illustrer. Un résultat curieux qui pourra vous faire tilter si vous chercher plus qu'un divertissement, ou si vous préférez pousser la réflexion bien après le film. Dans le cas contraire, ne vous en faîtes pas, cela ne sera guère gênant; ce n'est qu'un détail, aussi vrai que le film possède nombre d'autres arguments convaincants pour nous faire oublier ce point ambigu.
Pour principale qualité, l'on pourra citer l'excellente interprétation de ses deux interprètes principaux, surprenants Ryan Gosling et Russell Crowe dans des rôles qui leur collent à la peau. Leurs personnages, très bien écrits, les rendent encore plus attachants, leur offrant une profondeur de personnalité très agréable. On s'identifie facilement à eux, à ces deux gros loosers qui se pensaient différents sans savoir ô combien ils se ressemblent.
Attendez-vous aussi à de l'action qui tabasse, à du badass sacrément casse-gueule. Fichtrement bourru, le film retrouve ce côté généreusement violent des films des années 80, avec ce ton si particulier qui mélange à la perfection l'humour et les coups lancés en pleine gueule, sans aucune mesure de prévention. Voilà donc un excellent divertissement, sombre et matûre, comique et bien rythmé, dosé avec parcimonie et mené avec un savoir-faire certain. Un vrai régal.