C'est vrai que depuis trois films, David O. Russell ne se renouvelle pas beaucoup, chaque titre se répondant un peu en écho, du moins en ce qui concerne « Happiness Therapy » et ce « Joy ». Bon, difficile d'écrire le contraire : on est ici dans le « self-made (wo)man » le plus total, la femme moquée et lâchée quasiment de tous finissant quand même par créer un véritable empire, en gros : crois en tes idées, crois en ton talent, et tu réussiras, message répété de façon flagrante à plusieurs reprises. Ce qui a un côté un peu agaçant, « facile », n'offrant pas l'occasion de dresser un portrait concret de l'Amérique de l'époque (les 80's) et d'aujourd'hui. Malgré tout, le fait de s'intéresser à une personnalité un peu atypique, que ce soit pour son parcours ou son invention (le balai essoreur!), l' œuvre garde quelque chose de sympa, chaleureux et même parfois d'assez authentique, probablement dû à l'évolution du récit, montrant habilement que le succès sur le long terme se fait difficilement, la création d'un produit et la gestion de l'entreprise qui s'ensuit n'étant évidemment pas du tout la même chose. Surtout, si les seconds rôles font le boulot avec conviction (notamment Edgar Ramirez, Bradley Cooper et Virginia Madsen, volant la vedette à un Robert De Niro se caricaturant un peu trop), Jennifer Lawrence brille de mille feux, son physique de rêve s'ajoutant à une présence et un talent d'actrice pur devenue aujourd'hui rare au cinéma : elle vaudrait presque à elle seule le détour. Donc, bon, pas phénoménal ce « Joy » assez représentatif d'un réalisateur très doué il n'y a encore pas si longtemps (l'excellent « Fighter »), mais qui, entouré d'une troupe d'acteurs aussi fidèles que talentueux et de sujets un minimum porteurs, parvient à ne pas nous faire regretter le déplacement : honnête.