Magnifiquement documenté, La Belle saison rend un très bel hommage à ces femmes qui, en plein cœur des années 70, ont su se faire entendre avec courage et détermination. Premières pierres posées pour une normale égalité avec les hommes. Pour une reconnaissance du droit à la différence, aussi.
C'est également un très beau film d'amour entre deux femmes.
Le scénario met en avant la peur bien réelle du regard de l'autre. Et plus que tout, le refus de tous changements. La ville, semblable à une arène, est l'endroit dans lequel se livrent tous les combats. Si la campagne semble plus paisible elle n'en reste pas moins le territoire de dissensions souvent très douloureuses à vivre.
Les dialogues sont parfaitement écrits, justes et brillants. Je retiens, entre autres, ceux échangés entre gens de la terre quand il est question de la rémunération de la femme. Dans ce monde paysan, tout autant que dans les villes, les hommes veulent garder une réelle supériorité. "C'est déjà bien beau qu'elle puissent puiser dans le salaire du mari".
Avec brio, une grande finesse et sans pathos, Catherine Corsini démontre que le combat commencé à cette époque perdure, de nos jours encore, sur bien des points.
Issu ce cette campagne, j'ai trouvé toute cette partie du film d'une incroyable véracité. La photographie de Jeanne Lapoirie magnifie les paysages et la nudité des corps.
La musique de Grégoire Hetzel accompagne parfaitement le propos. D'autres voix résonnent comme les dernières heures d'un monde qui semble optimiste et résolument hermétique devant les évènements. Le profond changement est pourtant inéluctable.
Les hommes, simples spectateurs attentionnés, mais souvent désorientés par cette formidable avancée ne sont pas en tête du casting. Kévin Azaïs, touchant et tout en retenue avec Benjamin Bellecour dans le rôle d'un homme brusquement rejeté, n'en sont pas moins excellents, chacun dans leur rôle respectif.
Dans le rôle d'une mère, femme de paysan, accrochée à des valeurs traditionnelles qu'elle voit voler en éclats Noémie Lvovsky est exceptionnelle et dégage une profonde émotion.
La réalisatrice a déclaré son "envie de faire un film où les personnages ont une belle âme, un côté solaire, extrêmement généreux, ouvert sur l’autre". Pour réaliser ce souhait, elle a trouvé en Cécile de France et Izïa Higelin les comédiennes idéales. Elles sont remarquables, touchantes, troublantes et lumineuses.
Un très beau film, d'une grande sensibilité, d'une belle sensualité et d'une profonde émotion.
Un coup de cœur en ce milieu d'été.