On se retrouve en 1971. Delphine vient de la campagne où elle aidait ses parents à tenir la ferme familiale. Après un chagrin d’amour avec une fille, elle part sur Paris et rencontre un groupe de femmes particulièrement enthousiastes et revendicatrices: ce sont les débuts du MLF. Dans ce groupe une femme libre, Carole, se lie d’amitié avec elle. Jusqu’au jour ou Delphine va lui montrer que pour elle ça dépasse l’amitié. D’abord perdue (Carole est hétéro est en couple), elle va se laisser aller à cette passion naissante et enfin se libérer vraiment. Mais suite à la crise cardiaque de son père, Delphine devra retourner dans ses champs pour faire tourner l’affaire de ses parents. Carole la suivra mais pour combien de temps?
Ce film est comme je les aime: sans chichis, sans mélodrames inutiles, sans fioritures mais avec un scénario suffisant pour vous faire rester. L’histoire est somme toute classique. Des films sur deux femmes qui s’aiment à un temps où ça n’était pas encore accepté (l’est-ce totalement aujourd’hui?) ou sur leur amour impossible sont légions. Mais pour autant on ne se lasse pas car on se laisse porter par un tout sans jamais penser à du déjà vu.
Cécile de France (qui a fait réduire ses dents du bonheur) est excellente dans son rôle et je l’applaudi car elle a joué de nombreuses fois* un personnage lesbien et je l’admire ne pas avoir peur d’être catégorisée. On ne peut plus naturelle (pas de botox, pas de maquillage et rides apparentes), elle colle parfaitement au rôle de la femme libre et revendicatrice, perdue par une nouvelle histoire d’amour qui la submerge. Là où je pensais que ça serait elle la femme forte qui fait découvrir les amours saphiques à l’autre, c’est tout le contraire et ça n’est pas désagréable!! En tout cas elle m’a bouleversée.
Izïa Higelin est également excellente dans son rôle de fille de ferme totalement consciente qu’elle est homo mais qui doit lutter contre son envie de liberté parisienne et le cocon familial et ses devoirs. D’ailleurs, dans le rôle de sa mère, Noémie Lvovsky, que j’adore!!!! Actrice découverte dans Camille Redouble (que je conseille plus que vivement), là encore elle joue merveilleusement bien la mère de famille soumise à un mode de vie mais qui l’a complètement intégré et qui ne se pose pas plus de questions. Et quand elle est confrontée à l’homosexualité de sa fille, c’est tout son monde qui s’écroule. Son jeu d’actrice, même si elle ne joue pas énormément ici, est encore une fois très poignant.
L’histoire sur fond de MLF prend bien. Je rassure tout ceux qui auraient peur que La Belle Saison soit un film sur les hystériques féministes (je suis volontairement provocatrice ici), ça n’est pas le cas. Cela dit, il soulève des questions de l’époque, qui raisonne encore aujourd’hui. Pourquoi les femmes sont-elles moins payées que les hommes? Pourquoi une femme doit-elle censurer sa pensée en présence de mâles parfois? Toutes ces questions, en filigrane, viennent s’ajouter à la principale et primordiale question: doit-on se laisser museler par des codes ou des règles pseudo morales ou vivre le grand Amour librement? Ce film tente d’y répondre à sa façon et d’une très belle façon.
Mention spéciale à la BO également. Loin de nous mettre les classiques morceaux de disco de l’époque, qui auraient été hors propos, on a du Janis Joplin et autres classiques de l’époque, qui ne manque pas de nous hérisser le poil!
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Note: 14/20
* Trilogie Klapisch (Auberge Espagnile, Poupée Russe, Casse-Tête Chinois), Haute Tension