Et allez, on nous refait le coup d'Apatow (au demeurant, pour les amateurs de vraie comédie, super producteur mais pas non plus la référence ultime du genre comme auteur-réal, si?) et de la comédie française qui se réveillerait enfin telle la Belle au bois Dormant et commencerait à se lorgner dans le miroir de la comédie US... Sauf que ni Radiostars (suite de sketchs anti-province rances et misogynes sans intrigue, un peu sur le même mode), ni Nous York, C'est compliqué, Paris à tout prix, ni hélas ces Gazelles, pas plus que "Jamais le 1er soir" ou dans le genre "films de nanas mais allez-y avec votre chéri" (glurp) "A coup sûr " (rien que ces titre, ces affiches...) ne s'en approchent une seconde, ou alors comme quand TF1 essaie de copier une série US. Hé non, Clovis Cornillac n'est pas Adam Sandler ou Will Ferrell, Manu Payet Jonah Hill, ni Camille Chamoux Drew Barrymore ou Lena Dunham.
"Après le Coeur des hommes, la chatte des femmes !" proclamait fièrement une tagline aussi inspirée que les scénaristes entre virée shopping et soirée vomitive au Baron. Mais oui, c’est exactement ça, la référence. Le miroir de ces atroces buddy-movies franchouillards dont on nous abreuve. Soit la revanche des filles par le pire : l’exact semblable. Chassez le naturel il revient au trot.
Nous reconnaissons bien l'humour hexagonal, l’humour des humoristes (généralement plus doués en sketchs qu’en scénar, cf. Foresti et Elmaleh, plus Foresti donc que Tina Fey, public plus Drucker que Saturday Night Live). Lancer trois vannes, filmer une épilation pour-faire-comme-dans-40 ans Toujours Puceau et (mal) quelques scènes de cul ne change rien à l'affaire. Ni la BO omniprésente ni le montage cache misère piqué à Bref -et déjà has been- ne parviennent à masquer l'absence d'histoire(s), de trajectoires, celle d’un vrai point de vue (ou d’un regard si on peut parler de mise en scène), d’une sensibilité qui sonne aussi faux que le jeu de certaines actrices, de cette sincérité qui fait d’un film, même bancal, un bon film (la voilà la différence avec Tout ce qui brille, , dépourvu de cynisme et de cette ironie permanente, ce ton de la connasse Canal qui plombe tout.)
Rien qu’on n’ait déjà vu cent fois (en moche), univers aseptisé (apparts parisiens et leurs éternelles teufs, beuveries «comme des gars », un Pole Emploi sorti de nulle part, bonne idée pas exploitée), gossip de terrasses de café et langage smiley en guise de dialogue, et ces personnages si grossiers et monolithiques que les auteurs semblent ne pas être au courant qu'il nous arrive aussi de regarder des séries, parfois, et qu’on ne peut plus nous la faire.
A part t (seul perso un peu réel et profond, évidemment la gentille maman célib fragile), ces pétasses il faut hélas le dire (meilleur titre, au moins un peu provoc) n'apprennent rien, ne découvrent rien, ne rencontrent jamais personne réellement, n'évoluent quasiment pas, à part un vague crêpage de chignon vite pardonné à coup de vodka pomme (bah oui c’est gentil les fifilles quand même). Sans parler de sexe (bien que la révolution sexuelle – une meuf coincée qui ne prend pas son pied avec son gentil chéri- soit le vrai sujet, là encore non assumé), j'en ai rencontré des mecs, pourtant, ces années en solitaire. Des mecs comme moi, qui malgré et avec leurs névroses m’ont aidée à grandir, à changer de regard sur eux, sur moi, débloquée physiquement, bref, avec qui je suis aussi devenue une femme. Parce que, dans le fond, si on y regarde bien, ce qui sous tend ces airs faussement féministes, c'est un vieux mépris des mecs, une vision toute pourrie, guerrière et aigrie des rapports hommes-femmes (vieilles petites filles revanchardes contre méchants barbus sans couilles, à part le copain de Fleurot, le gentil papa en puissance). Mais aussi, et c’est encore plus triste, un certain mépris des filles, immatures, vulgaires et bêtement narcissiques, ne vivant que dans et par le regard des mecs, sans aucun désir que de pécho et de faire la teuf, mais alors juste "entre filles", hein, on risquerait de rencontrer quelqu'un. Sauf qu’elles n’ont pas 20 piges (comme les filles autrement plus éblouissantes de la vie d'Adele) mais 35, et +…
Et non, il ne suffit pas que le film soit fait par des meufs et que les actrices ne soient pas maquillées (et mal éclairées, car avoir l'air moche ça doit aussi faire féministe ?) pour que ça ressemble à "la vraie vie des vrais gens", argument toujours poujadiste et sans rapport avec ce que l'on voit de ces parisiennes de sortie tous les soirs dont le seul problème existentiel consiste à oser avouer la honte d'être célib à 35 balais... Le film se veut "dans l'air du temps" mais dans les grandes villes la moitié de la population est célibataire et semble même assez bien le vivre (la drague, les coups d’un soir, on connaît un peu tous ça depuis Meetic, non?). Alors, en quoi ce film est-il transgressif, subversif, moderne, nous raconte-t-il quelque chose de nouveau, parle-t-il des filles (et des mecs) d'une façon inédite (l'affiche, le titre, le rose, les fringues, ont déjà répondu) ? Juste parce qu'il n'a pas de happy end ? Et pour cause, ces meufs n'ont rien à espérer, le film lui-même n'étant déjà qu’un long truc faussement happy. Comme ces fêtes où il ne se passe jamais rien et qui n’ont, on dirait, jamais de fin.