Déjà, çà part bien avec un générique astucieux et bien fichu, ce qui prouve déjà une chose, c’est que même si l’affiche est banale et la bande annonce tape à l’œil, ce film mérite peut-être qu’on lui laisse une chance. En fait, c’est assez bien réalisé avec des mini flashes back qui viennent çà et là, à intervalles réguliers, ponctuer le scénario. La musique est omniprésente et plutôt agréablement utilisée, il y a quelques jolis plans (le plan du pigeon, et pourtant je n’aime pas les pigeons !). Et puis une petite trouvaille de rien du tout : cette vieille dame fumeuse, impassible et silencieuse qui observe Marie tout au long du film et dont on imagine qu’elle se revoit à son âge et n’en pense pas moins, elle revient comme un gimmick tout au long du film, çà apporte une petite touche décalée. Côté interprétation, rien à redire à la performance des actrices, Camille Chamoux et surtout Audrey Fleurot en tête tiennent leur rôle avec conviction. Audrey Fleurot, la dame du lac, est en train d’imposer sa crinière rousse dans le cinéma français de le meilleure des façons, elle se donne à 200% dans « Les gazelles » comme dans tous les rôles qu’elle tient et elle ira très loin, vous verrez… Bien-sur certains personnages féminins sont un peu outranciers (la collègue dépressive est une caricature, la psy névrosée aussi), mais pour les hommes, c’est pire ! Ils ne sortent pas grandis de ce film, la palme revenant au personnage de Martin dont s’amourache Marie, un type immature et égoïste auquel elle s’accroche presque inexplicablement, un type toxique, pour faire court, comparé par copines de Marie à un « Jean-Michel Jarre », allusion que tout le monde ne comprendra pas ! Si le scénario a le bon gout de ne pas faire la morale et de laisser une fin ouverte
(j’ai crains le pire à un moment, j’ai cru qu’elle allait rentrer sagement chez son fiancé !),
il n’évite malheureusement pas certains clichés, certains effets un peu faciles, et l’humour n’est pas toujours subtil. En fait, je n’ai pas ri devant « Las gazelles » autant que je l’aurais espéré, et en tous cas pas autant que mes voisins de cinéma. Je crois qu’en fait, la fuite en avant de Marie, ses aventures qu’elle enchaîne, ses états d’âme, ses soirées alcoolisées, ses copies délurées à la drague agressive ne me parlent pas. Je crois que je suis (encore) un (peu) trop « sage comme une image » pour comprendre l’intérêt de cette forme de liberté. Je comprends qu’on puisse étouffer dans une relation, qu’on puisse avoir envie de reprendre sa vie en main mais il y a un juste milieu entre une vie pépère et rangée et le grand n’importe quoi que devient la vie de Marie. En fait, la voir brûler sa vie comme çà, sans raison et sans plaisir (parce qu’elle n’est au final pas plus heureuse qu’avant) m’a mise un petit peu mal à l’aise. Dans l’ensemble, malgré tout, j’ai passé un agréable moment de cinéma, je n’ai pas trouvé une seconde le temps long, je n’ai pas vraiment ri aux éclats mais j’ai souvent souris, et ce n’est déjà pas si mal…