Charlie Mortdecai est révélateur de l'évolution de la carrière de Johnny Depp : volontairement exagéré pour amuser la galerie, constamment répétitif dans ses gimmicks pour ne pas perdre le peu de public attentif. Mais tout comme Depp, le film fini par lasser, se montrant superficiel quand il pouvait faire preuve de sincérité de son jeu, sa mise en scène, son humour.
Parce que s'il commence comme une sympathique parodie d'espionnage à l'anglaise, le jeu de Depp et l'humour bien gras à l'américaine briseront les espoirs pour la suite de l'oeuvre; caricatural sans se montrer habile dans son déroulement, Charlie Mortdecai pense qu'en faisant seulement le pitre, nous lre retiendrons comme une bonne comédie.
Seulement, une bonne comédie demande un semblant de dosage dans l'humour; si l'on n'a pas le talent d'un Pegg ou d'un Wright pour enchaîner les gags sans jamais lasser, mieux vaut éviter d'en foutre autant que possible en espérant que ça prenne, par le plus grand des hasards. Bon scénariste durant les années 90, David Koepp, metteur en scène de Mortdecai, a perdu tout son talent dans l'écoulement des années 2000 : auparavant à l'oeuvre sur Mission : Impossible, Snake Eyes ou Panic Room, il a petit à petit flanché vers des productions à faible réputation, d'Indiana Jones 4 à La Momie (2017), jusqu'à nous sortir ce fameux Charlie Mortdecai, drôle de comédie à l'humour fort peu régulier.
Si l'on s'amusera des quelques fulgurances d'humour surprenantes, Koepp tombera rapidement dans la banalité de la parodie peu finaude au détour d'une mise en scène et d'une écriture qu'il aura complètement ratées, s'entichant toujours des mêmes gimmicks de réalisations et de runnings éculés jusqu'à la moelle, à plus vouloir en vomir qu'en rire.
Depp tentera de s'en dépatouiller tant bien que mal en nous livrant une parodie de lui-même fort attristante qui, tout en tentant d'adopter un accent anglais tellement forcé qu'il en devient cinglant plutôt que drôle, gesticulera dans tous les sens pour retenir l'attention d'un public navré, triste asticot sur le point de se faire écraser par la roue du succès avorté.
Incapable de retrouver cette étincelle de génie qui faisait la valeur de son jeu, de retrouver cette sincérité qui rafraichissait tant dans le paysage des nouvelles têtes des années 90, voilà qu'il nous livre une énième performance peu marquante post-Pirates des Caraïbes, imitant l'humour en nous offrant tout de même quelques surprises bien vues dans le jeu (notamment vers la fin, où il se lâchera complètement, tant pour le meilleur que pour le pire).
A ses côtés, de pauvres têtes fort connues viendront plonger dans le désastre comique : outre un Ewan McGregor génial (comme à son habitude), on se souviendra du bon Paul Bettany qui, par son personnage d'homme de main fidèle, marquera le plus le film et justifiera, par les seules blagues liées à son personnage, le visionnage du film; que dire de Gwyneth Paltrow qui nous livre une énième interprétation de Pepper Potts, certes charmante mais en complète demi-teinte.