N’étant pas spécialement une grande fan de l’artiste mais étant d’un naturel curieux (surtout par mon ancien côté people), j’ai été intriguée par ce film. Que pouvait-on bien raconter sur cette artiste, à part dire qu’elle était complètement défoncée du soir au matin et qu’elle n’a rien fait depuis Back to Black? Grosses erreur. Énorme erreur.
Avant toute chose, Amy n’est pas un film à proprement parler. C’est plutôt un documentaire, retraçant la courte vie d’artiste d’Amy Winehouse, avec les témoignages de ses proches. Il est uniquement fait de documents vidéos personnels ou professionnels et de photos avec pour seules explications les voix Off de ses amis et autres protagonistes. On est un peu perturbés les premières minutes car on découvre bien Amy Winehouse dans sa jeunesse (le film débute avec une vidéo d’elle et deux amis, à l’adolescence) et on a tellement été habitué au found footage (ou caméra subjective) qu’on se demande quelques instants si c’est bien la vraie Amy que l’on voit ou si c’est une actrice qui lui ressemble.
Passé ce trouble, on s’accommode des images et on se rend compte, avec beaucoup de gratitude du coup, qu’elle a beaucoup été filmée au fil de sa vie et que ces documents vont nous permettre de la cerner. En parallèle, le film est semé de ses chansons, toujours en accord avec l’explication en cours et les paroles (en anglais et en français) défilent en filigrane. La réalisation est superbement bien faite et les voix Off sont vraiment touchantes.
Personnellement, je ne connaissais d’Amy Winehouse que ce que j’en lisais dans Voici avant sa mort en 2011. En gros, pas grand chose.
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Ce film m’a bouleversée quelque part. En particulier par ce qu’il m’a renvoyé. En effet, adepte de potins, de scandales et autres débilités, moi aussi j’étais dans le jugement. Moi aussi je me moquais quand je la voyais chaque semaine trop défoncée pour se laver ou pour tenir debout. Moi aussi j’y allais de mes « mais bon sang, il n’y a personne pour la soigner, l’emmener de force en cure? Elle va finir dans le caniveau toute seule, j’en suis sûre ». Mais c’était sans compter qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à se soigner. On ne peut pas se battre à sa place. Et on apprend aussi par ce film que tout le monde a essayé (à part Blake et son père. Quant à sa mère, elle était inexistante). Ses amis, son ancien manager, tous. Tous lui ont parlé, l’ont soutenue en vain.
On apprend aussi qu’elle avait cette fragilité qui donne les grands artistes torturés depuis la plus tendre enfance et que malgré un caractère bien senti, elle était cassée à l’intérieur. Elle avait cette façon de se détruire, de faire tout ce que Blake faisait par amour passionnel, en pure perte. Ecoutez ses textes, écoutez ce qu’elle ressentait lors de l’écriture. Elle disait elle-même qu’elle était complètement tordue et que l’écriture l’aidait à se sentir mieux. Ses proches le disent dans le film: à un certain moment ils ont raté le coche. Avant l’écriture de Back to Black elle aurait pu être sauvée. Elle aurait évité l’ultra célébrité et serait peut-être encore ici. Mais comment échapper à un destin peut-être tracé par Amy elle-même? Comment échapper à cette fin que l’on connaît et que l’on voyait arriver? Comment empêcher cette « chronique d’une mort annoncée? »
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