Le 23 juillet 2011, lendemain de mon anniversaire, je me retrouvais dans un appartement chaleureux du dixième arrondissement de Paris, entouré d'amis rieurs et ripailleurs; l'ambiance allait bon train quand nous apprîmes la disparition de la chanteuse Amy Winehouse. Ma culture musicale étant aussi désordonnée qu'atypique, je n'avais jamais réellement prêté attention à cette jeune anglaise au regard de braise et les convives qui m'entouraient s'attristèrent benoîtement du fait qu'il était dommage de mourir à 27 ans avec une carrière visiblement prometteuse.
Pendant quatre ans, Mademoiselle Winehouse eut droit de ma part à une abyssale indifférence jusqu'à ce jour d'août où je découvris dans l'obscurité du cinéma MK2 Odéon le documentaire d'Asif Kapadia faisant la lumière sur la personnalité de cette icône trop vite éteinte. Et là, chapeau bas au réalisateur anglais qui avait déjà réalisé un film sur le très croyant Ayrton Senna, plus que bien ficelé. Pendant deux heures qu'on ne voit pas passer, on fait la connaissance de cette chanteuse souvent souriante, dotée d'une véritable humilité et d'une sensibilité à fleur de peau, qui presque surprise de ce succès éclair devient une star planétaire. Son registre musical m'a même plu, davantage que son hygiène de vie, qui la conduisit hélas où l'on sait. Images d'archives, témoignages de ses amies d'enfance, de ses collègues de bureau, de son boyfriend Blake, qui à mon sens, l'entraîna malgré elle dans la schnouf et la consommation d'alcools forts, trop pour la brindille qu'elle était. Son père apparaît lui aussi à plusieurs reprises, c'est d'ailleurs le seul personnage de ce documentaire sur lequel j'émette une réserve personnelle: aurait-il aimé autant sa fille si elle n'avait été que simple caissière chez Tesco à Sevenoaks ? Papa gâteau mais vite devenu papa magot.
Point d'orgue du film, ce duo qu'elle enregistre avec l'élégant Tony Bennett, toute intimidée de faire des vocalises à côté de son idole, la regardant avec bienveillance derrière ses carreaux aux verres jaunis.
Un documentaire fort et touchant, mettant joliment en relief le talent époustouflant de la chanteuse et le problème de la célébrité poussée à l'extrême avec tous les travers qui l'enrobent.
Ma préférence pour Françoise Sagan demeure, mais la petite Winehouse, sans nul doute, était une fille bien que beaucoup continuent de pleurer.