Réalisatrice de documentaires, Julie Bertucelli sort sont sa troisième production cinématographique, ce mercredi 12 mars, après avoir beaucoup travaillé pour la télévision. C’est l’univers particulier d’une classe d’accueil d’un collège parisien que l’on suit pendant un an : la Cour de Babel. Les classes d’accueil sont des cours supplémentaires, donnés aux élèves étrangers venant d’arriver en France, et leur permettant d’acquérir les bases du langage notamment.
Nous suivons les espoirs, et parfois le découragement d’une vingtaine d’élèves venus des quatre points cardinaux, pour des raisons diverses, et qui doivent tout recommencer, apprendre dans une langue qui n’est pas encore tout à fait la leur. Certains parents sont exilés politiques, d’autres ont fuit la misère, ou ont immigré pour offrir une éducation de qualité à leurs enfants. Adolescents qui doivent affronter le mal du pays et une certaine nostalgie. Ainsi que le regard de leurs camarades, les brimades sur leur accent ou bien leur vocabulaire parsemé.
Brigitte Cervoni, la professeur de français, épouse un sacerdoce. Le documentaire rend hommage à la vocation qui devrait animer tout instituteur, faire de ses élèves, des citoyens maîtres de leur destin. C’est un univers idyllique qui nous est présenter, et l’on sait les difficultés plus grandes que le document veut bien nous les montrer. Cependant, l’expérience en vaut la chandelle. Les sourires, les pleurs de joie, l’envie de réussir, qui émanent de ses enfants, convainquent de la nécessité impérieuse de la tâche. Le plus beau métier du monde est sous nos yeux, bâtir notre futur car c’est dans les mains de nos enfants qu’il repose. Dans leur cas, des enfants entre deux âges, dont les responsabilités ont doublé depuis leur arrivée en France. Ils sont devenus interprètes pour leurs parents pour qui il est plus difficile d’apprivoiser la langue. Et bien souvent, leurs parents sont empêtrés dans l’esclavage salariale précaire, et piégés par l’inertie administrative.
L’accueil donné à ces jeunes est primordiale. Dans ce microcosme, ils apprennent la liberté, l’égalité, la fraternité. Ils acquièrent la conviction de vivre dans un état de droit et en accepte les devoirs. Un moment d’utopie qu’ils verront remis en cause fréquemment dans leur vie… Déjà, à l’heure de leur puberté, des préoccupations émergent que l’on attendait pas. On est surpris d’entendre ces enfants, avec curiosité et respect, parler de religion ou de laïcité par exemple. Ou bien du mal, et du bien, notions profondément ancré dans leur vécu. Tel Luca, irlandais, qui du haut de sa dizaine d’année, est très marqué par la guerre civile irlandaise, et ne pense pas que les affrontements aient quelque chose à voir avec la religion.Le mot n’est pas prononcé mais il comprend bien l’instrumentalisation politique des croyances. Certains veulent être médecins, d’autre architectes, d’autre chanteurs. Espérons que leurs utopies seront se faire réalité. Rencontrer des profs comme Brigitte Cervoni, c’est un bon début pour y arriver.
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