Tout autour de "L'arbre" qui semble être le pilier de la cour de récréation, la réalisatrice propose de partager les moments forts d'une année scolaire, tout à fait particulière, avec des enfants venus de tous horizons.
Difficile de rester insensible devant le parcours douloureux de ces adolescents, toutes nationalités confondues, qui se retrouvent dans une classe d'accueil, leur permettant de se familiariser avec notre langue, nos règles aussi.
Les raisons de ces exils sont nombreuses et varient pour chacun d'entre eux. "Pour être une femme libre", dira l'une des enfants, loin d'être la plus docile. La caméra caresse tous ces visages, tour à tour tourmentés quand il est question de leur passé, le plus souvent rieurs quand ils parlent de leur présent. Anxieux aussi, quand l'une d'entre elles s'en va, après l'obtention d'un appartement qui devrait lui permettre de vivre mieux, avec sa famille présente, mais encore plus loin.
L'humour est présent mais l'émotion domine. La pédagogue, Brigitte Cervoni, fait face avec une incroyable intelligence et une grande finesse à toutes les interrogations et va au-devant des multiples conflits qui pourraient venir ternir sa mission. Admirable de dévouement, de compréhension, de générosité, d'attention, et de ce talent tout particulier nécessaire à tout enseignant pour réussir le pari difficile, celui de donner la connaissance sans imposer sa propre science. L'écoute semble être la première nécessité face à ce groupe d'élèves quelque peu particulier, puisque pour bon nombre, la langue française est le premier barrage. La religion en sera un autre. Mais vu par ces enfants, elle en devient touchante.
Ce reportage est d'une profonde humanité. Du rire aux larmes quand il est question du festival Ciné-Clap à Chartres au cours duquel ces enfants reçoivent un prix.
Peu importe lequel, ils ont gagné notre cœur.
Nous ne pouvons que leur souhaiter bienvenue et bonne chance. Avec une attention toute particulière pour tous ces enseignants qui, comme Madame Brigitte Cervoni, mettent leur passion d'enseigner au service des plus démunis. Pour elle et Julie Bertuccelli, réalisatrice de ce très beau documentaire, une double reconnaissance.