Gabrielle (Marion Cotillard) est souffrante du "mal de pierres", une accumulation importante de calculs rénaux, qui la font plier en deux de douleur à longueur de journée. En plus de ça, Gabrielle est visiblement schizophrène, et ses sautes d'humeurs ont fini d'agacer ses parents : ils la marient au premier venu (le maçon espagnol, qui n'entrave pas grand-chose à l'affaire, si ce n'est qu'il peut avoir des papiers, de l'argent, et une femme). Gabrielle, fraîchement mariée, se voit donc obligée de suivre une cure thermale pour ses calculs rénaux (et, on le sent, "si cela peut guérir aussi sa folie, on prend", en bonne mentalité du XXème siècle), et tombe sur le beau lieutenant (Louis Garrel, merci à la personne responsable du casting) revenu de la Guerre d'Indochine, qui n'est pas contre un brin de douceur dans sa lente agonie... Mais, évidemment, en bon drame amoureux, rien ne va se passer comme prévu, et l'on s'est surpris à suivre les péripéties tragiques comme autant de bons rebondissements, jusqu'à la principale qui nous a achevé dans la dernière ligne droite (on pensait d'abord que
Gabrielle avait inventé du tout au tout son beau lieutenant, mais puisque son mari lui parle - sans que Gabrielle ne soit présente - on avait abandonné cette idée, jusqu'à ce que l'intrigue nous filoute : elle a inventé le lieutenant après cette scène-clé pour nous tromper, c'est très finement joué
). Le scénario d'abord assez simpliste (proche d'un marivaudage en triangle amoureux) peut compter sur la superbe de ses acteurs, et surtout sur un twist final qui nous a bien eu. Mal de pierres est un bon drame, bien écrit, qui n'essaie pas de nous tirer les larmes, mais nous peine tout de même avec une histoire tragique sans méchant ni coupable ("c'est vraiment la faute à pas-de-chance"), un crève-cœur dont on ne peut se délester sur un personnage-bouc émissaire, et là est l'autre finesse du film. Un scénario et des personnages