Gabrielle (Marion Cotillard) est une jeune fille fantasque, que ses parents marient en-dessous de leur condition avec un ouvrier agricole catalan, saisonnier régulier sur leur exploitation lavandière - la mère le jugeant "solide", et courageux. Aidé financièrement par ses beaux-parents, "Jose"" (Alex Brandemühl, acteur espagnol, comme son nom ne l'indique pas) monte une entreprise de maçonnerie à La Ciotat, bientôt florissante.
La jeune mariée finit par accepter de consommer le mariage, contre rétribution hebdomadaire (celle que son mari accorde, en désespoir de cause, à des prostituées). Rapidement enceinte, elle fait une fausse couche, due à un "Mal de pierres" (calculs rénaux).
Elle part alors pour la Suisse, en cure. Où elle rencontre "André" (Louis Garrel, "ténébrant" de manière imbuvable, comme à son habitude), un lieutenant qui vient d'être rapatrié d'Indochine, en très mauvais point... L'histoire, mélodramatique, ressemble beaucoup à du bovarysme, dépaysé à la montagne. Ou du moins, en apparence. Croisant en fait cet univers où les femmes de la petite bourgeoisie des années 50, mal mariées, ont les mêmes affres que la pauvre Emma du milieu du 19e, avec ce qui fait le propre de Gabrielle,
la tendance, au-delà d'une cristallisation délirante, à l'érotomanie
- le tout confronté à un mari, bien différent de l'insignifiant "Charles" de Flaubert
(et pour un destin de l'héroïne échappant au tragique, au rebours de celui de EB).
La réalisation de Nicole Garcia, dont c'est le 8e "long", est agréablement conventionnelle, sur un sujet plus fouillé, plus ambitieux, que dans "Un beau Dimanche" (son film précédent - en 2013), mais avec un casting moins convaincant. Au bilan, passage, pour moi, de la moyenne à "pas mal"....