Il n’y a pas grand-chose à ajouter par rapport à ce qu’ont pu dire les internautes Traversay1 et Khaleesi57, mis à part peut-être que le pitch et la bande-annonce semblaient promettre un film magnifique. Et c’était suffisamment bien fait pour que ça donne envie d’aller découvrir en salles voir ça de plus près. C’était mon cas, mais je n’ai pu m’y rendre, because emploi du temps incompatible. Et puis en fin de compte, ce ne sont même pas 300 000 personnes qui sont allées voir le huitième long métrage de Nicole Garcia. Mais que s’est-il passé ? Le roman de Milena Agus a pourtant bien marché. Bon, je ne m’aventurerai pas sur l’adaptation puisque (une fois de plus) je ne connais pas l’œuvre littéraire (vous allez finir par croire que je ne lis jamais ou presque jamais de bouquin, mais je vous assure que si). Ce que je puis dire en revanche, c’est qu’en plus de sortir des sentiers battus, l’histoire aurait pu nous transporter au pays des émotions fortes. A mon avis, la romancière aurait dû exiger un traitement de ses écrits comme cela a été fait pour "Intouchables". C’est-à-dire quelque chose de tourné vers la comédie. Parce que là, on sombre dans le pathos jusqu’au cou. Je ne dis pas que le scénario n’est pas intéressant. Au contraire, il l’est. C’est là qu’est tout le paradoxe : c’est lent, c’est mou, limite ennuyeux parce qu’on ne sait pas trop où on nous emmène, mais bizarrement, la qualité de jeu de Marion Cotillard nous pousse à voir ce qu’il en est. Autrement dit, heureusement qu’elle est là. On connait son immense talent, pour nous avoir tant amusés de sa répartie à travers la saga "Taxi" et pour nous avoir tant émerveillés en faisant revivre Edith Piaf. Et pourtant, le rôle de Gabrielle fait partie des rôles les plus difficiles que Marion aura eu à jouer, après le rôle-titre "La Môme". Le registre est à la fois semblable tout en étant différent. Nous avons affaire à un esprit torturé, mais nous ne sommes pas dans le même monde. La preuve en est puisque nous prenons sans attendre la direction d’un milieu agricole, quelque part autour de La Ciotat. Les champs de lavande s’étendent à perte de vue sous le chant heureux des cigales. Dans ce milieu rural, une jeune femme semble en quête de quelque chose. Un quelque chose qu’elle appelle « la chose principale ». Sa quête est si forte qu’elle en devient une obsession. Et cette obsession est telle que nous finissons par la voir comme une folle. Nous ne sommes pas les seuls, puisque ses propres parents et le voisinage la considèrent comme telle. Mais qu’est cette chose tant désirée ? Un coup de quéquette pour se sentir exister ? Pour se sentir femme ? Ou est-ce un besoin irrépressible d’amour maladroitement cherché ? On pencherait pour la première option, mais toute supposition est permise. De ce point de vue-là, l’interprétation de notre Marion nationale est déjà en soi une performance. Malheureusement, ça traîne trop en longueur et on sent la déception grandir en nous en regard de la qualité de la bande-annonce. Mais voilà : il faut qu’on sache. Il faut qu’on sache pourquoi le cas de Gabrielle méritait qu’on s’y arrête dessus. Et puis le personnage commence à évoluer autrement dès lors qu’il est envoyé soigner ce qu’on appelait à l’époque le mal de pierres. Oh cela ne se fait pas de but en blanc. Le changement se fait progressivement. Mais tout de même. Pas de quoi cependant nous faire changer d’avis quant au statut de folle revêtu plus tôt, mais il s’en trouve édulcoré. Le fait est que la mise en scène est habile, car elle nous fait entrer des deux pieds dans l’esprit tourmenté de Gabrielle. Un peu comme si nous l’accompagnions au quotidien soit vers sa rédemption, soit vers sa descente aux enfers définitive. Dans tous les cas, il nous est impossible de deviner comment va tourner l’histoire, à moins de connaître le bouquin bien entendu. Quoiqu’il en soit, il y avait de la place pour intégrer de l’humour. Le caractère capricieux du personnage avait de quoi provoquer des situations drôles par leur ridicule, voire même des moments truculents. Il y a eu bien quelques tentatives ici et là : il n’y a qu’à voir le regard noir que Gabrielle lance derrière elle quand elle reçoit le premier coup de gros jet d’eau. Mais ça reste trop timide. Cependant ça vaut le coup de rester devant l’écran pour deux choses : d’abord le fin mot de l’histoire qui sauve tout le film selon moi ; ensuite pour voir comment José envoie sa belle-mère hors du ring par une réplique simple, mais ô combien cinglante. Une réplique absolument jouissive. Parce que le pauvre, il en aura bavé. C’est d’ailleurs naturellement vers lui que toute notre sympathie va aller, alors qu’il n’est pas le personnage qui apparait le plus à l’écran. Mais il est d’une telle gentillesse, qu’on se surprend à lui témoigner notre plus grande affection. La gentillesse est souvent synonyme de fragilité, mais au contraire, José constitue le personnage le plus solide. Tout l’inverse de Gabrielle. Sa folie lui donnait un aspect possédé, une dimension animale qui aurait pu basculer de n’importe quelle façon que ce soit tant elle est aveuglée par son vœu viscéral. Dans tous les cas, face au talent brut de Marion, Alex Brendemühl a réussi à exister. Chapeau à lui. Il y a de fortes chances que cet espagnol sera intéressant à suivre, lui qui est encore méconnu en France alors qu’il n’est pourtant pas un nouveau venu sur le grand écran. Quant aux décors, il n’y a rien à en dire. Ils sont parfaits. Les champs de lavande nous emmènent facilement dans cette belle Provence si souvent chérie, les montagnes et la superbe structure du grand bâtiment nous plongent au cœur de la Suisse dont nous ne profiterons pas. La réalisation est propre, sans artifice. Une simplicité de la mise en œuvre qui permet de retrouver la simplicité de la vie en arrière-pays dans les années 50, époque très bien reconstituée par les costumes et les véhicules. Je n’ai pu m’empêcher qu’il est très heureux que des passionnés préservent de tels bijoux mécaniques, lesquels retrouvent une seconde vie grâce au cinéma, pour nous transporter dans une autre époque. Cependant on peut mesurer à quel point l'institution du mariage a pu évoluer. Il n’empêche que "Mal de pierres" méritait un traitement plus tonique. Franchement, il avait tout pour être un grand film…