Indéniablement, on a un excellent jeu d'acteurs devant nous, et la relation entre les personnages et leur psychologie sont intéressantes à observer. Par contre je n'arrive toujours pas à adhérer avec le duo réalisation/montage. Il y avait des scènes, comme ça, qui apparaissaient et dont je ne voyais pas le moindre intérêt : la veuve dans sa maison, la voiture dans le brouillard, et surtout, ô surtout, les quinze mille plans de montagnes et de nuages et de vallées. Il faut qu'on m'explique l'intérêt de faire un film de deux heures si on perd déjà un quart d'heure dans une sorte de reportage National Geographic (contre lesquels je n'ai rien, soit dit en passant). Alors après on peut interpréter ça par, oui, c'est parce que le personnage principal est obsédé par ça, et que finalement elle tourne en rond, puisqu'elle joue dans la même pièce que 40 ans auparavant tout comme ce phénomène se reproduit identique à lui-même en boucle, ou je ne sais quoi. Certes. Mais sur le coup c'est quand même pénible, parce que c'est répétitif et ça casse le rythme. Toujours dans le montage, pour la transition entre deux scènes on avait toujours droit au même fondu, et du coup les liens entre les scènes manquent un peu. Si un personnage comme ça décide de s'enfuir pendant une scène, à la fin, fondu, on passe à autre chose, et voilà. Donc d'un côté le film est articulé comme une pièce de théâtre, avec des actes, un épilogue etc (et c'est clairement écrit), mais d'un autre la règle numéro un du théâtre, c'est l'unité interne, alors bon... Surtout que même pendant la même scène j'ai quelques fois senti une très brève coupure de montage, du genre les acteurs ont tourné la scène deux fois, une fois cette phrase était mieux dite et la fois d'après la phrase suivante était mieux, du coup au montage ils ont raccolé les deux phrases mais on sent le racollage, ce qui déstabilise un minimum. Enfin bref. Je pourrais encore faire plusieurs lignes sur la fin peu inspirée, avec le personnage principal qui retombe dans l'ombre avec le sourire, du genre "j'ai enfin fini par accepter ma condition", mais je vais vous épargner mon scepticisme pour sauter directement à la conclusion de mon petit pavé. Pour moi, les acteurs avaient parfaitement cerné leur personnage et parviennent à nous le transmettre, ce qui mérite du respect et des louanges, mais j'ai tellement peu adhéré à tout ce qui tournait autour de leur jeu et la façon dont on a tenté de le mettre en forme que j'ai du mal à apprécier l'ensemble plus que moyennement.