Me voilà relancé dans une séance masochiste d'un film que je ne voulais absolument pas voir car je savais à quoi m'attendre ou presque, un truc larmoyant et super académique, et ça n'a pas loupé.
Annoncé comme un film phénomène "Nos étoiles contraires" suscitait les attentes d'une communauté de fans armée de paquets de mouchoirs qui après avoir dévoré le bouquin de John Green se sont précipités par horde pour découvrir cette adaptation ciné, avec en plus la coqueluche Shailene Woodley en tête d'affiche. J'ai découvert cette actrice dans "Divergente" où elle avait presque réussi à me faire oublier mes préjugés la concernant, la voici cette fois dans un registre dramatique, tuyau respiratoire dans le nez, jouant le rôle d'une cancéreuse rencontrant son âme sœur, lui aussi en phase terminale.
Le film est confié au jeune et inexpérimenté Josh Boone qui dirige là son deuxième long métrage avec comme mission de faire un truc bien conformiste, lisse, touchant et tout public, une romance quoi. Perso j'aime pas vraiment les romances malheureusement, mis à part des exceptions comme "Eternal Sunshine of the Spotless Mind", et j'espérais pourquoi pas être surpris ... mais non, le film est trop prévisible dès les premières minutes et les clichés des codes tournent à plein régime, de la musique douce masquant la pauvreté de la mise en scène aux dialogues niais et explicitement moraux.
Le personnage de Hazel n'est pas franchement travaillé, on a un mal de chien à avoir de l'empathie pour elle, ou alors suis je un monstre sans cœur, mais elle n'inspire pas une détresse quelconque face à sa propre mort, et même si le thème de cet espoir sacralisé est dépeint tout le long avec un certaine intention il en devient agaçant par la naïveté de son développement. Boone suggère la maladie sans toutefois en dévoiler l'aspect le plus brut, comme lors de cette scène où Hazel après une insuffisance respiratoire est emmenée à l'hôpital, plutôt que de nous faire vivre l'instant par une mise en scène plus ou moins réaliste et percutante le réalisateur choisi le ralenti avec une musique émotionnelle, c'est juste totalement gâché et bidon (en plus Laura Dern est au casting, c'était l'occasion de faire briller l'ex muse de David Lynch, mais non ...) .
Le film manque clairement de sincérité, ça tombe d'avantage dans le bon sentiment gratuit, ça sonne faux, comme lors du baiser presque surréaliste dans la maison d'Anne Frank où la réaction des gens autour d'eux est complètement théâtrale, beaucoup de passages sont similaires, et même lorsqu'un moment peut devenir touchant on nous recolle une dose de violon, c'est juste insupportable, c'est vouloir instrumentaliser les sentiments et je déteste ça. Et puis on n'échappe pas au côté tire-larmes dans le dernier quart d'heure, où même le seul et unique personnage intéressant interprété par Willem Dafoe est décrédibilisé, rien à faire ...
"Nos étoiles contraires" nous donnes ce qu'il promet, c'est à dire un film pathos manquant cruellement de sincérité et d'authenticité, tout y est faussement démontré, la maladie est presque banalisée, une histoire et un cinéma qui plaira aux jeunes adolescents candides où à un public conciliant.