Le film a d’abord une valeur historique et sociologique : il montre le système traditionnel du concubinage en Chine, réservé aux hommes de haut rang (l’homme en question ayant d’autant plus de concubines que son rang était élevé), système aboli par les maoïstes en 1949, mais qui renaît semble-t-il aujourd’hui sous des formes toutefois très différentes. Il se déroule dans un univers clos, celui de la grande maison du maître, dans laquelle chaque concubine, ici au nombre de quatre, dispose de son espace personnel. Il n’y a qu’un plan d’extérieur, le second plan du film, magnifique d’ailleurs. Au-delà de cette évocation, Zhang Yimou décrit, dans une forme de parabole, les luttes, rivalités, trahisons, mensonges et compromissions auxquels se livrent les concubines pour obtenir les faveurs du maître, c’est-à-dire du pouvoir, et ainsi, l’une d’entre elle l’exprime d’ailleurs fort bien, le pouvoir lui-même. Pratiques qui peuvent déboucher sur la mort ou la folie. C’est dans cette dimension que le film prend toute sa valeur, le schéma pouvant s’appliquer dans beaucoup de régimes (c’est probablement pourquoi la raison du choix de ne jamais montrer le visage du maître) …. Au service de ce propos, le réalisateur a soigné son œuvre, livrant, dans cet univers limité, de somptueuses images, construites et signifiantes, dans un tempo parfaitement adapté.