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selenie
6 408 abonnés
6 221 critiques
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5,0
Publiée le 3 octobre 2007
Quand la perfection de l'image rejoint l'intelligence du scénario... C'est un film profond, esthétiquement splendide, une guerre psychologique entres des femmes recluses pour le plaisir d'un seul homme. On contemple le film comme une oeuvre d'art de bout en bout. Un énorme chef d'oeuvre.
Epouses et concubines est une oeuvre à part, tant par son histoire enblématique que part sa mise en scène. Le cinéaste a nommé son film comme un "microcosme de l'existence humaine", et ça on veut bien le croire. Cette histoire de quatres concubines qui se livrent une guerre sans merci pour s'accaparer tous les soins du maître est à l'image de la chine communiste. Et dire que tout cela se déroule dans les années 20! On se rend compte que le film peut être perçu comme une parabole politique et sociale de ce pays si longtemps opprimé par ses dirigeants. Au niveau esthétique, Zang Yimou filme avec volupté en nous donnant à voir des images d'une beauté à couper le souffle. Une mise en scène certes sobre, mais très subjective. La caméra n'est jamais centré sur le maître de la maison, on ne voit jamais son visage sur un gros plan, comme s'il était totalement impersonnel mais pourtant tellement menaçant. L'objectif se concentre sur les épouses et les domestiques et plus particulièrement sur Gong Li, actrice à ses débuts à l'époque et qui montrait déjà toute l'étendue de son jeu: glaciale et sensuelle. Autre point intéressant: les décors. L'architecture sévère détermine la construction de nombreux plans. Ce qui fait que le spectateur se sent autant enfermé et reclus de la société comme ces héroïnes déchues. L'impertubable logique des lanternes rouges réprésente l'horrible déterminisme des coutumes de la maison et nous montrera plus tard quelle fatalité elle met en place. On a encore dans la tête les chants de cantatrice de la troisième épouse, unique échappatoire de cette cage dorée. Ainsi Zhang Yimou signe l'une de ses plus belles oeuvres, à la fois poétique et terriblement austère.
Un pur chef d'oeuvre de Yimou où l'asservissement de la femme est dévoilé avec justesse et intelligence. Gong Li tient là le rôle de sa vie et excelle comme jamais. C'est un véritable scandale qu'une telle perle n'ai toujours pas eu le droit à être édité en DVD! A bon entendeur...
Outre la réflexion sur la tradition et le sort réservé aux femmes, "Raise the Red Lantern" (titre autrement mieux choisi que celui en français) parle de la nature du pouvoir et de l'enfermement. Métaphore sur la Chine actuelle plus encore que dénonciation de la Chine d'hier? Probablement. D'une grande subtilité, d'une beauté formelle aboutie et parfaitement fondue dans la narration, illuminé par une Gong-Li au sommet, voilà bien le chef d'oeuvre d'un réalisateur qui s'est un peu perdu par la suite.
Un très beau film sur les femmes où La femme chinoise. On s'identifie vite au personnage de Gong Li (parfaite d'ailleurs) enfermée dans ce carcan rigide et bouillonnant de l'intérieur.