Il y a des fois où on est content d’être en couple et que notre copine nous oblige à voir des films qu’on n’avait pas du tout envie de mater. Pour ma part, je n’avais pas du tout imaginé une seule seconde que je me retrouverais dans une salle de ciné pour visionner "Délivre-Nous du Mal" après avoir vu sa bande-annonce : tout nous était présenté comme si le film était un énième film d’horreur pour teenagers portant sur une possession. Maintenant que j’ai vu le film, je crache sur ceux qui ont fait la bande-annonce pour nous vendre une escroquerie ; et je remercie ma moitié de m’avoir traîné au ciné. Oui, car "Délivre-Nous du Mal" est certainement la meilleure surprise de cette rentrée scolaire : livrant un film sombre et glauque à l’ambiance poisseuse assez proche d’un "Seven", Scott Derrickson ("Hellraiser 5", "L' Exorcisme d'Emily Rose", "Le Jour où la Terre s'arrêta", "Sinister") nous propose une histoire bien ficelée avec une atmosphère qui vous prend à la gorge dont la tension palpable à l’écran vous fera ressentir quelques picotements le long de votre échine. Le tout étant renforcé par une bande son incroyablement adéquate : le score de Christopher Young est absolument excellent et son mélange de thèmes mélancoliques avec des sons à la tonalité métallique entretient parfaitement l’ambiance malsaine des scènes (à ce titre, son travail m’a rappelé celui de Kenji Kawaï sur "Ring"). Bien entendu, jouant sur les codes du film d’horreur (et surtout grâce à son expérience sur le bon "Sinister"), Derrickson n’hésite pas à avoir recours à des jumps scares plutôt bien amenés (enfin, sauf deux….non, mais sans déconner, en 2014 utiliser un chien et un chat pour un jump scare, c’est un peu honteux !! Je m’attendais même à voir par la suite des corbeaux….dieu merci, ce n’est jamais arrivé !) et fait dériver petit à petit dans le fantastique mais s’en jamais tomber dans le grand guignol (ça peut faire penser à "L’ Exorciste", mais ce n’est pas comme "L’ Exorciste"), nous proposant même une impressionnante scène d’exorcisme bien meilleure que n’importe laquelle qu’on a pu voir récemment dans de vrais films d’horreur (un comble !!). A ce sujet, je voudrais dire à tous les rageux qui rigolent après avoir vu le film sur le côté « inspiré de faits réels » qu’avant de critiquer, ça serait intelligent de se renseigner sur un film avant d’aller le voir : le policier Ralph Sarchie a exercé plusieurs années à New-York et fut amené à être confronté à des affaires totalement inexplicables. Il en a donc écrit un livre pour témoigner que dans notre société, le Mal avec un grand « M » existe réellement parmi toute cette folie humaine. C’est d’ailleurs de ce livre (« Beware the Night ») qu’est inspiré "Délivre-Nous du Mal". Et puis, quand on dit qu’un film est inspiré de faits réels, cela ne signifie pas qu’il retranscrit à 100% la réalité : il s’en INSPIRE. Avant de partir dans des dénigrements gratuits, renseignez-vous et surtout démerdez-vous pour comprendre les mots que vous utilisez !! Quand je pense que vous encensez des bouses comme "Le Dernier Exorcisme" et que vous pester sur celui-là !! Niveau casting, s’il n’y a rien à redire sur les bonnes prestations d’Eric Bana et Edgar Ramirez, il faut aussi rendre hommage à celles exceptionnelles des « possédés » : Olivia Horton et Sean Harris sont super convaincants et terriblement flippant à chacune de leurs apparitions, d’autant plus que le boulot de maquillage sur leur personne est absolument bluffant ! Bref, "Délivre-Nous du Mal" est une bonne surprise car il y avait longtemps que je n’avais pas vu un thriller si noir, si prenant et si flippant (un thriller qui vous terrifie plus qu’un film d’horreur ce n’est pas tous les jours qu’on voit ça !). En tout cas ça me rassure car, après avoir failli vomir en voyant la bande-annonce, cela m’aurait grandement étonné que Jerry Bruckheimer produise un banal film d’horreur sans consistance alors qu’il a toujours été derrière de bons choix (bon, d’accord : si l’on excepte les deux "Benjamin Gates" !). Les amateurs de films poisseux à l’atmosphère irrespirable y trouveront leur compte sans aucun problème.