Etrangement, j'attendais pas mal ce film, déjà parce que la bande-annonce m'avait bien plu, parce que j'aime bien les films d'horreur, et celui-ci annonçait un petit truc en plus, un côté thriller, derrière l'histoire (vraie) de base. Il y'avait une ambiance un peu sombre qui me faisait me dire "tiens ça, si c'est bien travaillé, ça peut être cool".
Bin pour le "bien travaillé" comme pour le côté thriller, on repassera.
Ce film essaye manifestement de s'inspirer de "L'exorciste" et du "Rite", plus récent, dans sa réalisation. Deux films sur un thème commun (devinez) mais traités différemment. J'aime beaucoup "L'exorciste" et un peu moins "Le Rite" qui m'avait laissé sur ma faim malgré des qualités et une certaine finesse évidentes.
Chose que n'ont pas celui-ci.
Premièrement, niveau réalisation, bien que certains plans soient très bien choisis pour ménager un certain suspense, le reste pose un léger souci. La caméra bouge pendant à peu près 40% du film, les lumières nous mettent des fois à la limite de la crise d'épilepsie, le point est foiré sur pas mal de plans, enfin bref, ça pue, mais c'est pour donner de l'ambiance, et on ne juge pas un parti-pris comme ça. Néanmoins, il y a d'autres détails sur lesquels on peut rester perplexes.
Ce long-métrage, en plus d'être outrageusement malsain dans ce qu'il montre, rate des choses fondamentales au niveau du scénario, et du principe des films d'horreur en général, etc etc...
Bordel, je veux bien qu'un film d'épouvante peut jouer sur les "jump scares", mais enfin quand même. On peut ménager un suspense pour ne rien envoyer, on peut mettre un jump scare imprévu de temps en temps. Certains, comme James Wan dans Insidious ou Conjuring, ont compris comment ça marche. Et d'autres, comme Scott Derrickson ici, décident d'en mettre 25 dans le film, histoire de dire "tiens mon gros, même si mon ambiance t'as pas fait flipper j'aurais réussi à te faire faire un arrêt cardiaque". Ca m'as tellement gonflé que j'ai passé 50% du film les oreilles bouchées. Jump scare animalier, jump scare en caméra nocturne à la REC, en caméra de surveillance à la Paranormal Activity, ah ça, des références, y'en a, et pas besoin de les chercher très loin.
En plus de ça, c'est fou comme "Délivre-nous du mal" joue sur les clichés,
les voix d'enfants, les lumières qui s'éteignent, le sang sur le visage de la moitié des protagonistes, la peluche, la boîte à musique qui s'allume, les dialogues en latin pour faire genre, et on a gagné le jackpot.
Au-delà de tout ça, je pense que j'ai vu
la déclaration de grossesse la plus torchée de l'histoire du cinéma. J'ai aussi vu une femme qui ne parle pas un mot de français, qui nécessite qu'on lui traduise en italien tout ce qui est dit et qui, le plan d'après, comprends très bien le français et sait même le parler relativement correctement. J'ai même vu un tigre (lion?) en images de synthèse infrarouges digne des années 90.
Je fais ma mauvaise langue, mais il existe certaines qualités dans ce film. Il y a des idées intéressantes sur la conception de la religion, pouvant expliquer les causes de l'engagement de certaines personnes dans une voie, et même si le jeu d'acteurs est pas épique, on arrive à l'assimiler.
De surcroît, la scène finale n'est pas dénuée de tension, bien qu'un peu longue, mais ce film possède tellement de côtés qui m'ont faut vomir, mettant en scène des saloperies sans aucune ellipse, je passerai les détails sanglants si vous voulez le voir, mais bon.
Petit crédit, le générique de fin, très kitsch et digne des années 80, aura au moins le mérite de vous laisser l'esprit tranquille pour la nuit à venir, car on peut avoir la testostérone et le courage qu'on veut, on ne peut pas résister à 25 "jump scares", mêmes prévus, vu que c'est une réponse uniquement physiologique à un abordage sonore et visuel inutile.
Pour résumer, "Délivre-nous du mal", c'est un empilement glauque de références visant à déboucher sur
un exorcisme, évidemment, mais sans la réalisation de William Friedkin, ni l'interprétation d'Anthony Hopkins.