On aurait pu craindre que Félix van Groeningen, le meilleur réalisateur qu’on ait eu depuis longtemps en Belgique, perde ses spécificités en allant bosser aux Etats-unis, et se retrouve à jouer les exécutants dociles dans un projet qui ne lui correspond pas. ‘My beautiful boy’ est, à ce titre, très rassurant car à l’exception du contexte et des acteurs américains, le film, sobre et sans effets de manche, sans surlignage intensif d’éléments sur-signifiants, aurait parfaitement pu voir le jour en Belgique. De même, si l’histoire est un de ces mélodrames dont le public américain raffole ( Répétez “Une histoire de famille, de courage et d’amour” avec les voix des vieilles bandes-annonces Disney et vous y êtes), le fait qu’il ait participé à l’écriture du script empêche le projet de sombrer dans la facilité, les ficelles grossières et l’excès de pathos…et là aussi, on écope d’un film très…”européen” dans son esprit. ‘My beautiful boy’ est basé sur les articles et les livres écrits par le journaliste David Sheff où il relatait le combat familial de longue haleine pour sortir son fils de la méth et de l’héroïne. Tout en obéissant à certains codes du cinéma Sundancien (foyer baigné de lumière, flashbacks mélancoliques, bande son indé aux petits oignons,...), ‘My beautiful boy’ a le bon goût de ne pas en faire trop au nom du spectacle : Nic Sheff, étudiant brillant, issu d’une famille aisée et attentive, n’en sombre pas moins dans l’addiction aussi implacablement qu’un vulgaire redneck de Virginie-occidentale, tandis que sa famille finit par comprendre que l’amour et le complexe du sauveur ne peuvent pas venir à bout de tous les obstacles et que Nic est aussi responsable de ses choix de vie. Tournant majoritairement autour du duo Steve Carell/Timothée Chalamet, le film bénéficie aussi de l’implication profonde de ces deux acteurs : si l’excellente prestation de Carrell n’est pas surprenante, on oublie parfois que si on peut reprocher au Chalamet superstar d’aujourd’hui de parfois jouer comme un Chalamet (paupières mi-closes, expression éteinte, etc…), des productions comme celle-ci, tournée avant son entrée dans la A-List hollywoodienne, prouvent qu’au moins, il n’a pas volé son nouveau statut privilégié.