Qui est battu? La terre certes, mais aussi et surtout les hommes et, pour certains d'entre eux, c'est insupportable. Pour Jérôme Sauvage (Olivier Gourmet, formidable une fois de plus), qui vient d'être licencié de son emploi de manager d'une vingtaine de magasins, l'échec est impensable. Aussitôt viré de son travail, il échafaude des projets et s'imagine déjà en patron d'un magasin de chaussures pour femmes. Il aime ça, les grandes surfaces le font vibrer, il ne peut s'en passer. Et pour arriver à ses fins, on le devine prêt à tout, même à des petites combines pas très honnêtes...
En vérité, Jérôme se comporte d'une manière très ambigüe: on le sent déterminé, incapable qu'il est de penser l'échec ou d'accepter d'être battu, et hésitant comme un enfant, au point de se conduire parfois comme le dernier des potaches. L'échec le cerne cependant, sans qu'il s'en rende compte: tout part à vau l'eau, non seulement dans sa vie professionnelle mais aussi dans sa vie de famille. Sent-il seulement que sa femme (Valéria Bruni Tedeschi) s'éloigne de plus en plus de lui? Dans un monde et dans une société où il faut être gagnant à tout prix, Jérôme ne peut concevoir autre chose que de remporter les batailles. Il va mal, il ne dort qu'au moyen d'un puissant somnifère, mais il croit toujours à la victoire.
Mais c'est avec son fils Hugo (Charles Mérienne) que les relations sont les plus étranges et les plus ambigües. Hugo se passionne pour le tennis au point qu'il est repéré et choisi pour s'entraîner comme un futur champion. Doté d'un coeur exceptionnel, il peut aller loin, lui dit-on, et il ne demande qu'à le croire. Son entraîneur a beau lui dire que, dans ce sport-là, il y a 99% de d'efforts et de souffrances pour 1% de plaisir (quand on gagne!), Hugo se lance dans l'aventure, tout en cherchant auprès de son père le soutien dont il a besoin. Mais au tennis comme dans le management de grands magasins ou dans la vie de couple, il y a de possibles échecs, la réussite n'est pas garantie. Comment donc se comportera le garçon? Saura-t-il, mieux que son père, accepter d'en passer par là?
Ce n'est pas la première fois, bien sûr, qu'un film scrute des relations père-fils qui oscillent, qui, sans en avoir l'air, insidieusement, parce qu'elles ne sont pas totalement limpides, conduisent à de funestes dérapages. Ce film de Stéphane Demoustier ne donne pas trop, cependant, une impression de déjà-vu. Le réalisateur a su adopter un ton et un regard qui ne manquent pas d'originalité. Et, bien sûr, on ne vantera jamais assez les qualités des acteurs, en particulier d'Olivier Gourmet!
7,5/10