Film d'anticipation romantique, écrit et réalisé par Spike Jonze, Her est une œuvre magnifique. L'histoire se déroule dans un futur indéterminé, à Los Angeles, et nous fait suivre Theodore Twombly, un homme travaillant comme écrivain public au sein d'une entreprise proposant à ses clients des lettres sur mesure pour tous types d'évènements. Dans un état de dépression qui perdure depuis qu'il est en instance de divorce voilà maintenant un an, il installe sur son ordinateur personnel un nouveau système d'exploitation auquel il donne une voix féminine. C'est alors qu'il va développer une relation avec cette intelligence artificielle conçue pour s'adapter et évoluer. Ce scénario nous immerge pendant deux heures dans une intrigue d'une grande simplicité mais pourtant passionnante. On se délecte de visionner la rencontre entre cet homme en chair et en os et cette voix de femme sans corps. Leurs conversations traitent d'énormément de sujets, mais le principal étant tout de même l'amour. Et le métrage en parle merveilleusement bien via ce rapport. On assiste à des scènes calmes et douces, à l'image de cette fusion entre une âme et un programme. Tout le film repose sur la prestation de Joaquin Phoenix qui livre une interprétation d'une grande justesse en jouant cet être particulièrement sensible. Scarlett Johansson elle est impalpable mais sa présence à l'écran se fait grandement ressentir malgré son absence physique. Le reste de la distribution est tout aussi appréciable entre les rôles joués par Amy Adams, Rooney Mara, Chris Pratt, Olivia Wilde, Matt Letscher ou encore Kristen Wiig. Car oui, même si les deux amoureux transits semblent comme coupés du monde lors de leurs échanges, il gravite autour de Theodore d'autres humains avec qui il entretient des rapports. Et toutes ces relations procurent énormément de sentiments, entre tristesse et amusement. Surtout, les mots déclamés sont d'une magnifique beauté et emplis de sincérité en plus de comporter de la sensualité. Cette intimité chuchotée dans l'oreille nous transporte totalement. En effet, les voix mêlées de cette union virtuelle naissante sont d'une telle tendresse qu'elles nous bercent et que le film pourrait très bien juste s'écouter tant cet aspect sensoriel est ultra développé. Mais il serait tout de même dommage de passer à côté des jolies images proposées par la réalisation sobre, épurée, mais efficace du cinéaste américain. Sa mise en scène est avant tout là pour servir son propos mais nous gratifie tout du long de très jolis plans. De plus, elle évolue au cœur d'une ville pleine de vie mais d'où les deux tourtereaux semblent coupés du monde. Le montage est lui judicieux en disséminant des souvenirs à des moments toujours propices, renforçant encore d'avantage le côté dramatique et nostalgique. À cela s'ajoute une photographie lumineuse absolument rayonnante. Ce charmant visuel est accompagné par une b.o. assez discrète signée Arcade Fire. Leurs compostions subtiles se font peu entendre mais sont appréciables quand elles sont présentes, notamment pour jouer avec son propos. Mais on retiendra avant tout les voix envoûtantes qui supplantent totalement le reste. Cette sublime romance futuriste s'achève sur une fin se parachevant avec beauté, faisant de Her un film touchant, une expérience sensitive et charnelle devant à tout prix être vécue en visionnant ce chef-d'œuvre du septième art.