Quelques impressions après avoir vu ce film. D’abord l'image, de mauvaise qualité, avec des plans qui souvent manquent de netteté ou dont la mise au point n’accompagne pas le regard. Le cadrage lui-même est très approximatif, avec des visages fréquemment coupés (sauf la tête de Léa, sans doute parce que tous normalien sait confusément au fond de lui qu’il vaut mieux ne faut pas couper la tête au grand capital). Il n’y a pas de travail sur la couleur, la photographie n’a pas de signification, pas de sensualité, pas de violence, pas de naturalisme non plus, pas de vide non plus, pas de platitude non plus, pas de sens non plus, non, c’est une photographie sans propos, sans forme. Sans pour autant que le moindre indice laisse à penser que ce manque de forme et de propos soit voulu. Et si ce n’est pas voulu, alors c’est que c’est raté. Les artifices de l’éclairage, eux, sont maladroitement visibles, jusqu’à afficher des conflits entre les ombres naturelles et celles des réflecteurs. Erreurs de débutants ? Rapidement, on s’interroge. Est-ce vraiment un film fait par des professionnels ? La prise de son – tellement mauvaise, la pire de tous les films que j’ai vu au point que je me demande encore s’il ne s’agit-il pas d’un problème d’enceintes propre à la salle de cinéma – cette prise de son est atterrante. Plus que confuse, elle est négative : les dialogues sont inaudibles (sauf lorsque Léa parle, sans doute parce qu’il ne faut pas faire taire le grand capital). En dehors du travail raté sur le bruit des hommes, il ne semble pas non plus y avoir de travail sur les bruits de la nature, ni sur les bruits de la centrale. En fait, il n’y a pas de travail audible sur la dimension sonore. Manquerait-il des sens - la vue, le son - à la réalisatrice ? Le montage et le découpage des scènes achèvent de tuer le film. Il n’y a que très peu de scènes nécessaires et qui apportent un propos. C’est surtout du remplissage, un déferlement de micro séquences globalement interchangeables les unes avec les autres. On s’imagine sans peine pouvoir intervertir des scènes sans que cela ne change rien au film, ni en mieux ni en pire, on a là une soupe sans structure car sans lien d’évidence avec rien, ni avec la narration, ni avec l’idée. Enfin, mention spéciale à l’actrice principale qui montre, comme dans tous ses films, ses seins et son bas ventre. Ce sont maintenant ses lieux communs. On se demande ingénument pourquoi les montrer. Ou bien pourquoi pas, car c’est joli après tout. Mais d’autres font ça tellement mieux, dans la réalité, ou bien sur internet, ou bien lorsqu’ils relancent les magazines germanopratins. Au final, il y aurait eu beaucoup à faire avec ce film, car l’idée est là, propice à un chef d’œuvre. Mais cette potentialité n’est pas exploitée. Le scénario est trop ambitieux pour les capacités réelles de fabrication. Nul doute cependant que dans le microcosme franco-français du cinéma ce film reçoive un excellent accueil, mais pour des raisons de personnes, des raisons sans lien avec les réelles caractéristiques de l’objet.