Et bien on peut dire que cette suite était vraiment attendue, surtout de ma part après le fulgurant orgasme que m’avais procuré "The Raid" en matière de combats réalistes et virtuoses. Et lorsque j’ai lu une interview de Gareth Evans qui révélait que la suite de "The Raid" était en fait le film qu’il voulait faire à la base, le cœur même de son histoire dont le premier volet ne serait qu’une mise en bouche, je ne pouvais m’empêcher de trépigner d’impatience. Alors, verdict ? Et bien c’est exactement ce que Gareth Evans avait dit : par rapport à "The Raid", "The Raid 2 : Berandal" est le plat principal que l’on vous sert après une bonne petite mise en bouche : le film est réussi, spectaculaire, assez différent de son prédécesseur mais encore plus impressionnant ! Déjà le film commence exactement là où le premier s’était arrêté : Rama, accompagné de son collègue blessé et de son supérieur corrompu, arrive au commissariat avec sa boîte plein de preuves qu’il a récupéré. Jugeant que ce n’est malheureusement pas assez suffisant pour faire tomber toutes les têtes, le responsable lui propose d’infiltrer l’un des deux gangs de la ville pour les faire tomber et emporter avec eux tous les flics corrompus par le système, et pour cela, il doit aller en prison... Et oui car, avec cette séquelle, Evans corrige le principal défaut du premier opus : le scénario. Le film commence comme un film de prison, puis nous arrivons dans un style plus accès « mafia » avec l’ascension de Rama dans le gang où s’installe un véritable jeu de trônes entre le dirigeant du clan, son fils et le chef du gang ennemi. Il est clair que dans "The Raid 2", il y a un peu de la trilogie du "Parrain" de Coppola, du "Casino" et "Les Affranchis" de Scorsese, d’ "Infernal Affairs" de Wai Keung Lau et Alan Mak, du "Heat" de Michael Mann et même du "Syndicat du Crime" de John Woo !! Et Evans n’hésite pas à développer parfaitement ce nouveau monde et ses protagonistes, ce qui explique la durée incroyable du flm (2h30 !). Pourtant, cette grande différence de durée ne se ressent absolument pas à l’écran grâce à un astucieux équilibre entre l’action et le drame : Evans réussit parfaitement à trouver le juste milieu entre ces deux mesures évitant ainsi le double piège des temps morts ou du trop-plein d’action (au contraire : les moments « posés » nous permettent de nous remettre de nos émotions après une folle scène d’action !), c’est ce qui s’appelle « avoir le sens du rythme ». Avec ce nouveau rythme, Evans se fait d’autant plus plaisir qu’il a limité les gunfights et accentué les scènes de combat en pencak-silat, lui permettant ainsi de perfectionner sa mise en scène. Et de ce côté, c’est absolument bluffant : n’étant plus limité par un décor restreint (les couloirs et les chambre de l’immeuble dans "The Raid"), Evans se permet de faire des scènes longues, souvent en, plan-séquences, extrêmement millimétrées en matière de chorégraphie. L’exemple le plus frappant est la première scène d’action dans la cour de la prison : composée uniquement de 4 longs plan-séquences (exploit technique absolument superbe !), les gens au premier plan comme au second ne cessent de se battre dans un déchaînement de folie furieuse donnant ainsi naissance à des moments incroyables car on ne comprend pas comment ils ont fait pour tourner ça (comme ce passage où un homme se bat, tombe à terre et se prend un bloc de béton en pleine tronche lui défonçant le crâne : pas de changement de plan, de contrechamps ou de cut, tout semble être filmé d’un seul coup….m’étonnerais qu’on est tué un homme pour une scène : illusion parfaite !!). Et pendant les passages « calmes » du film, Evans recherche aussi un certain esthétisme avec des plans larges bien maîtrisés et des décors d’une beauté froide : la séquence pré-générique de début n’est pas sans rappeler le travail de Tarantino, et la conversation dans le restaurant vide où la couleur rouge prédomine semble être sortie tout droit du dernier film de Nicolas Winding Refn. Bien entendu, "The Raid 2" est bien le digne héritier de son prédécesseur en matière d’action…je dirais même plus, l’action de cette séquelle arrive même à rendre celle du premier volet obsolète !! Entre la baston de la prison déjà évoquée, une course poursuite assez courte mais totalement hallucinante, un petit massacre dans une rame de métro et un combat de ouf dans une cuisine, vous allez être servi jusqu’à plus soif !! En plus, comme Evans nous propose avec sa caméra une véritable immersion dans les combats, soutenant toujours l’action et ce, sans jamais la rendre illisible (une véritable prouesse, contrairement à 90 % des films d’action modernes…merci la trilogie Bourne !!). Je défie quiconque de ne pas resté scotché à son fauteuil en regardant le dernier fight dans la cuisine : longue mais extrêmement intense, les deux protagonistes nous livre un combat tout simplement titanesque, qui va crescendo à un tel rythme qu’on en devient essoufflé à force de le regarder, croyant que tout va enfin s’arrêter mais que chaque nouvelle esquive des combattants nous prouve le contraire et accentue la tension jusqu’à un final jouissif et libérateur pour notre pauvre petite personne…ça relève du génie : j’ai jamais vu ça sur grand écran !! (Il paraît que cette scène a valu un mois de préparation plus un autre mois rien que pour la tourner !) Je rajouterai que le choix d’intégrer des adversaires un brin cinglés semblant sortir tout droit d’un manga (« Baseball Bat Man » et « Hammers Girl ») est une agréable surprise et nous donne l’occasion d’assister à des séquences folles mais irrésistibles ! Par contre, il faut avouer que son interdiction au moins de 16 ans n’est absolument pas volée : "The Raid 2" est violent, sans aucune concession (la scène du métro ne pourra que vous en convaincre !), et Evans n’y va pas avec le dos de la cuillère et redouble d’inventivité lors d’affrontements aussi jouissifs que sanglants. Âmes sensibles s’abstenir : ici, les chairs sont meurtries, les os se brisent, les lames transpercent les corps, les visages sont déformés par les coups, le sang coule à flot…. C’est peut-être too much pour certains, mais soyons francs : le gore rend les combats très impressionnants, réalistes et addictifs et c’est tellement agréable de pouvoir voir un film de baston où on n’a pas l’impression que les mecs frappent à côté de la cible qu’on déguste le tout en en redemandant encore ! Niveau casting, Iko Uwais est toujours aussi formidable à l’écran, Arifin Putra ("Macabre") et Alex Abbad ("Merantau") nous campent deux belles ordures, c’est une agréable surprise de voir les charismatiques Ken'ichi Endô ("Visitor Q", "La Submersion du Japon", "God’s Puzzle", "Gozu") et Ryuhei Matsuda ("Tabou", "Izo", "Nightmare Detective 1&2", "Nana"), mais je dois tirer mon chapeau pour le trio de bad guys psychopathes et charismatiques interprétés par les inconnus Cecep Arif Rahman (l’homme aux mini-serpes), Julie Estelle (la fille aux marteaux) et Very Tri Yulisman (le type à la batte ) !
Voilà, Gareth Evans a donc pleinement réussi son contrat en réalisant avec "The Raid 2 : Berandal" l’un des meilleurs polars/films d’action jamais réalisés (j'ai encore eu un orgasme ! ^^) et en nous livrant un film formidable en deux parties distinctes comme le fit "Kill Bill" à son époque….du moins à ce jour, car la fin du film nous fait bien comprendre qu’il s’agit d’une trilogie car il y a encore des têtes à faire tomber….je terminerais donc sur une seule chose : vivement "The Raid 3" !!!