On dit souvent lorsqu'un second opus d'une saga est meilleur que le premier qu'il est le "Dark Knight" de la dite saga, souvent à tort et à travers (et je ne dis pas ça car mon pseudo est nolan35). Mais force est de constater que pour ce Berandal, deuxième épisode de la future trilogie de Gareth Evans, la comparaison sonne comme une évidence. Pour rappel le film fait suite au choc de 2011, également mis en scène par le réalisateur gallois qui "racontait" la montée en enfer d'une brigade de flics et plus particulièrement d'un personnage (Rama) au sein d'un immeuble dirigé par la pègre de Jakarta. Cela étant un prétexte à un bon gros film de baston qui revendiquait haut et fort ses influences vidéoludiques. C'était jouissif, superbement filmé mais aussi fauché (ce qui se ressentait tout de même un peu).
Les recettes du films permettant ainsi de tourner le film qu'Evans avait prévu de faire dès le début (roooouuuulement de tambours !!!) : The Raid Berandal (quel suspense !).
Le premier volet de la trilogie posant ainsi les prémices de ce qu’annonçait la suite (comme Batman Begins pour The Dark Knight). Le film se situe deux heures après les événements du premier épisode (assez de temps pour que le fils de Rama puisse voir le jour et faire la taille d'un gamin de deux ans... non mais ça n'a choqué personne ?) et est donc la suite on ne peut plus directe à The Raid Redemption (comme The Dark Knight pour Batman Begins).
Et comme The Dark Knight pour Batman Begins (ça va, vous commencez à imprimer l'idée ?), Berandal, tout en entrant en total continuité avec son prédécesseur et en respectant ses (maigres) bases, le dépoussière à gros coup de balai (sans le manche, Rama la volé pour taper sur des taulards) et livre une intrigue extrêmement dense faisant rappeler les meilleurs films mafieux avec ses codes tragiques. Car à la grande surprise, l'un des gros points forts du long-métrage réside dans son histoire, toujours écrite par Gareth Evans. Un mix entre Les Infiltrés de Scorsese et Le Parrain de Coppola (en moins bien, évidemment) où aucun personnage n'est vraiment méchant ni gentil (sauf Bejo voire Reza, on ne peut pas approfondir tout les protagonistes non plus), chacun étant dominés par des sentiments / raisons justifiant tout leurs actes. A ce titre, le personnage joué par Arfin Putra (Uco) acquiert une dimension tragique dans la relation qu'il entretient avec son père inattendue (rappelant Commode dans Gladiator), faisant de lui le protagoniste le plus intéressant et complexe du film. Rama n'étant pas si présent que ça (juste quand il faut jouer des poings) et sa détermination semblant juste animée par le désir de vengeance et de protéger sa famille.
Vous pouvez vous demander, à ce moment de la critique, si je parle vraiment de The Raid Berandal, censé être l'ultime film de baston ultra-violent.
Mais j'y viens tout de suite (du coup si vous me lisiez juste pour ça, vous venez de vous tapez 31 lignes pour pas grand chose).
Sans grande surprise, ça douille violemment, ça surpasse largement ce que le premier accomplissait ce qui, lui-même, surpassait la plupart des films d'actions. Evans a tout compris à ce genre et le démontre encore ici. Les ingrédients sont toujours les mêmes mais poussés à l'extrême. On retrouve la notion de rythme, le travail fait sur le mixage sonore et la composition musicale dynamisant les scènes de combats ou encore l'utilisation de ralentis, le « calme avant la tempête », donnant une dimension épique rarement vu dans le cinéma. Le film accumule les séquences d'anthologies, celle de la prison bien sur, où l'anarchie se fait bien ressentir mais aussi la course-poursuite, dingue d'intensité ou encore tout le climax final (quand Rama débarque avec sa voiture dans l'entrepôt au combat final).
Les chorégraphies (toujours supervisées par Iko Uwais et Yayan Ruhian) sont toujours aussi brutales et belles à regarder, dosant parfaitement le corps à corps à main nues avec l'utilisation du décors et de ses objets, le lieu évitant ainsi la linéarité entre tout les combats.
Face à ça on regrettera le sadisme et l'acharnement sur certains figurants, l’interdiction au moins de 16 ans nous prévenant de la violence et de la brutalité du long métrage mais tout de même, l'on pourra se demander l'utilité de faire durer le plan de l'escalope de joue humaine sur le grill ou encore les effusions de sang un peu grotesques. Là où le premier restait assez sage dans l'hémoglobine, le second cède à la surenchère sans pour autant gagner en brutalité.
On constatera également une nette montée de brisage de membres avec des bras et jambes qui font des 180 degrés à tout bout de champs (Rama n'a pas perdu la main...).
Ça reste tout de même excellent, un pur moment d'adrénaline long de deux heures et demi (ouais du coup c'est plus vraiment un raid...) qui ne faiblit à aucun moment.
C'est beau, brutal et dense.
On attend maintenant le troisième, qui a intérêt à tout défoncer.