Derniers Avis : Suzanne - Page 10

Sara Forestier a déclaré lors de la remise du grand Prix Cinéma ELLE : « Les choix de Suzanne, mon personnage sont les choix d’une amoureuse » En effet, Suzanne est telle, une jeune femme imprévisible qui s’enchaine à un amour, au point de tout abandonner pour lui. En prenant systématiquement son destin à contre-pied, elle assume toutes les conséquences, même les plus douloureuses. On ne juge pas Suzanne, bien au contraire. On a envie de l’accompagner telle qu’elle est, dans toute son ambivalence. La réalisatrice parvient à nous amener vers de l’inattendu et du bouleversant.

Sara Forestier est prodigieuse. Elle irradie le propos du film par ses silences, ses regards, son jeu sobre et intense. François Damiens, que l’on découvre ici dans un rôle dramatique, nous bouleverse, et Adèle Haenel, pleine de profondeur, restera longtemps à l’esprit des spectateurs avec ce film. Les liens sont très forts entre le père et ses deux filles. La scène d’ouverture montre une petite fille qui danse sous le regard admiratif de son père. En créant des liens affectifs aux personnages en début de film, le trio fusionnel prend alors tout son sens et nous charge d’émotions quand on se rappelle l’ouverture de "Suzanne".

Cette grande fresque est construite sur des ellipses, qui permettent de voir 25 ans de vie en 1H30. La brutalité d’une telle ellipse exprime mieux que tout le bouleversement provoqué par un évènement. On remarque aussi que, pour représenter le passage de vingt cinq années sur le visage des acteurs, la réalisatrice a choisi d’exprimer l’essentiel seulement par le jeu et quelques accessoires. Quant au son rock des années 9O-2000, il évoque l’arrière-plan de l’adolescence de Suzanne et Nina Simone, qui dans le générique de fin chante Suzanne comme un gospel, nous émeut aux sanglots.

"Suzanne" est donc un film sur la résilience. La circulation de la vie et de l’amour se fait autour d’elle, et particulièrement dans son absence. Katell Quillévéré a réalisé une oeuvre puissante qui nous prend aux tripes. En sortant de la salle, on en tremble encore et on met un certain temps pour s’en remettre. Oui ! Définitivement, "Suzanne" mérite un César.

je suis fan de Sara actrice peut tout le prouve une fois de plus . Damiens dans un registre inhabituel .
Bravo.

Un film dur, parfaitement interprété...mais dont on ne sait pas trop quoi penser. On a parfois la sensation que le drame est inextricable. La vie de Suzanne est trop sombre pour en être poignant...paradoxalement!

Si on reste parfois un peu sur notre faim et qu'on a l'impression qu'il manque quelque chose à ce film, c'est aussi parce qu'il garde une distance avec les personnages (Suzanne en particulier). En soulevant des problématiques intéressantes - à travers divers types de relations d’amour (copain, père, soeur, enfants), dont on ne sait vraiment laquelle est la plus influente ou la plus centrale - il ne juge jamais, ni positivement, ni négativement. On a parfois envie d'être le père qui donne des baffes, parfois la soeur qui pardonne tout. Mais c'est au spectateur d'interpréter et de comprendre ce qui anime Suzanne car ça n'est jamais vraiment explicité. Original et touchant en tout cas.

Parmi la production française actuelle, j'ai été très agréablement surpris par la qualité du second opus de la réalisatrice Katell Quillévéré (dont le premier film "poison violent" était déjà prometteur). Cette histoire qui se déroule sur plusieurs dizaine d'années, avec des personnages dont le caractère évolue au fil du temps (plus que le physique en revanche) est sensible et intelligente. Les jeux de Sara Forestier et francois Damiens sont plus profond que dans d'autres films, signe de la qualité de la direction d'acteur. Si on ajoute une bande son envoûtante sans être trop présenté, on tient la recette d'un très bon spectacle.

C'est un film touchant. La vie de Suzanne est compliquée, simple, émouvante, drôle... A voir absolument.

Impressionnantes interprétations de sara Forestier et françois Damiens dans un film aux ellipses un peu sommaires, mais qui reste très intéressant pour un premier film

Peu convaincu par « Un poison violent », j'ai toutefois souhaité donner une seconde chance à Katell Quillévéré, d'autant que le film était doté d'une belle réputation. Et je la comprends, j'ai même été à deux doigts de m'emballer, mais « Suzanne » a malheureusement un gros problème : Suzanne. Alors c'est vrai : au vue du potentiel d'énervement du personnage à la base, la réalisatrice s'en sort bien, parvenant à nous la rendre intéressante, complexe, ambiguë, voire parfois touchante. Reste que son comportement souvent déplorable et ses choix régulièrement consternants m'ont quand même bien stoppé dans mon élan. Plusieurs fois je me suis d'ailleurs fait la remarque que j'aurais presque préféré que l'œuvre soit consacrée à Maria, sa sœur, même s'il y aurait évidemment eu moins de choses à dire... C'est toutefois le seul réel reproche que je peux faire, car pour le reste, que ce soit par son art de manier l'ellipse, de filmer des moments de vie infiniment justes, de donner une cohérence et une grande crédibilité à l'œuvre, Quillévéré touche juste, rendant encore plus frustrant le fait de ne pas avoir réussi à m'identifier à son héroïne. Emouvante interprétation, Sara Forestier bien sûr, mais aussi François Damiens et surtout Adèle Haenel, confirmant film après film depuis « Naissance des pieuvres » un talent hors-norme et une présence rare. Bref, même si j'aurais voulu aimer encore plus cette « Suzanne », il serait dommage de passer à côté tant ses qualités sont indéniables : à défaut d'une réussite totale, on se contentera de ce beau drame.

J’ai beaucoup aimé le film Suzanne de Katell Quillévéré. J’ai trouvé le film magnifique, ambitieux (dans le bon sens du terme) dans sa narration, subtil dans son montage avec cette combinaison d’ellipses et de fondus au noir. Le spectateur n’est jamais perdu et la réalisatrice n’impose jamais son point de vue. Le film n’est pas démonstratif comme c’est souvent le cas de nos jours, mais simplement balisé par des indications qui apparaissent dans son déroulement. On ressent aussi une énergie, une « fureur de vivre », l’insouciance de la jeunesse notamment dans les moments partagés avec les deux sœurs. Une mention spéciale, de ma part, pour Adèle Haenel qui est formidable. C’est simple, jamais simpliste, c’est singulier cela pourrait être universel. Beaucoup de thèmes sont abordés avec délicatesse comme la passion amoureuse, les liens familiaux, la responsabilité, le temps qui passe et qui nous change… Un très beau film à mes yeux ! Encore merci et une très bonne année.

Belle histoire sur la vie avec ses bleus et ses antigone moderne jouée a merveille par Sarah Forestier

Ce film laisse un peu à sa fin... car si l'idée originelle du film est bonne et qu'on sent de bonnes intentions, elles peinent à s'incarner à l'écran. Le personnage central du film, Suzanne, même s'il est interprété magistralement par une Sara Forestier qui confirme que c'est l'une des actrices les plus talentueuses de sa génération, reste peu attachant finalement... elle s'éprend pour un petit voyou (insipide par ailleurs durant tout le film tellement il dégage aucune personnalité marquée) et fuit avec lui, sans se soucier du mal qu'elle provoque pour chacun des membres de sa famille. spoiler: Et quand on la voit de retour, c'est pour mieux fuir à nouveau, sans prévenir personne.
Bref, ce personnage est dur à suivre, j'ai eu très peu d'empathie pour elle et j'ai eu du mal à adhérer du coup.
Mention spéciale à François Damiens, que j'ai pu découvrir avec plaisir dans un rôle sombre et qui montre un talent prometteur pour des rôles dramatiques. Il est pour moi la révélation du film.

Superbe. Beaucoup d'émotions. Juste quelques frottements que l'on ne saisi pas.
Les acteurs sont très bons.

Une superbe daube, agrémentée d'une musique enfantine niaise. Mention spéciale et unique à François Damiens, dont le charisme et la sobriété nous captive, mais qui doit se sentir bien seul au milieu du jeu forcé de Forestier et Haenel. A sa décharge, Forestier n'est pas très aidée par les plans indescents et inutiles de Quilleveré, qui s'acharnent à nous montrer le visage de ses personnages a la fin de chaque scène, artifice vieillot et pathétique consistant à provoquer les larmes du spectateur, mais surtout les soupirs et le rires chez moi. J'eviterai par simple descence de vous parler de l'intrigue, à faire palir une caricature de Charlie Hebdo, en moins drole, et du jeu du mec de Forestier, d'un soporiphisme et d'une monoexpression déconcertante.

"Suzanne" m'a bouleversé
C'est un film qui ne paie pas de mine, qui ne se pousse pas du col.
C'est un petit film français que j'ai bien failli ne pas voir parce qu'il a quasiment quitté l'écran au bout de trois semaines.

Un chauffeur routier (François Damiens n'a jamais été aussi émouvant depuis qu'il a abandonné la comédie) porte à ses deux filles un amour d'autant plus attentif qu'il ne se console pas de son veuvage : Maria l'aînée (Adèle Haenel ferait presque oublier Adèle Exarchopoulos) et Suzanne la cadette (Sara Forestier est en train de devenir une grande actrice). Le trio vit modestement mais semble s'aimer si fort qu'il est prêt à affronter toutes les vicissitudes de la vie. Mais les choses se gâtent lorsque Suzanne, à peine sortie de l'adolescence, tombe enceinte, puis amoureuse d'un malfrat à la gueule d'ange avec qui elle disparaît.

Katell Quilleveré a signé le scénario du film qu'elle réalise. Il procède par ellipses, divisant la vie de Suzanne en 5 périodes, séparées par de longs fondus au noir. Tout est dans le non-dit, dans l'ellipse : la disparition de Suzanne, le chagrin bourru de son père, l'enjouement factice de sa sœur, le coup de théâtre final ....

Les critiques évoquent "A nos amours" de Pialat - dont l'héroïne se prénommait Suzanne. J'ai trouvé plus de ressemblance avec le naturalisme des frères Dardenne - que je vénère - leurs scénarios si ciselés et si simples à la fois, la banalité déprimante de leurs paysages urbains (la Wallonie chez eux, le Gard ici filmé sans décorum touristique), leur art de l'ellipse (Cf le mitan du "Silence de Lorna"). J'ai aussi pensé au dernier film de François Dupeyron "Mon âme par toi guérie".

Bonne surprise! ce film qui ne raconte pas grand chose, puisque tous les faits importants sont absents , nous parle beaucoup et avec délicatesse des itinéraires familiaux et des choix de vie qui bousculent et basculent au gré d'une volonté de vivre selon son envie: même si celle-ci est alimentée par le besoin de (se )mettre en danger. Tous les interprètes d'un quotidien de gens que nous côtoyons sont remarquables; je me suis réconciliée avec Sarah Forestier ici tout en retenue et frémissements.