Le deuxième "long" de Katell Quillévéré (que je souhaite en "second" !) est hautement prévisible, dans ses "rebondissements", dès l'instant que les personnages sont mis en place, et véhicule une "morale" à deux balles. Un progrès cependant par rapport à "Un Poison violent", qui trouvait vite son inspiration principale dans une charge laïcarde pesante contre la religion catholique. Sur la subtilité et l'invention, cependant.... on y reviendra.
Le film s'ouvre sur une gamine de 5 ans boulotte, dont la prestation lors d'une fête d'école est immortalisée par un père de famille ému (François Damiens). Le veuf laborieux (chauffeur routier) n'a pas refait sa vie (ne voyant qu'à la sauvette une patiente candidate au remplacement de la défunte), et élève de son mieux ses 2 filles : Suzanne (Sara Forestier, à l'âge adulte - pendant 15 ans à peu près), la petite boulotte (devenue filiforme, dès l'adolescence) et Maria, son aînée (Adèle Haenel - adulte). Maria reste dans le rang - ouvrière dans une petite usine textile à Marseille, elle rentre voir son père et sa cadette tous les week-ends à Alès (dans le Gard limitrophe), mais n'oublie pas de s'alcooliser en boîte (son unique "loisir", semble-t-il). La "rebelle", c'est Suzanne ! Mère d'un enfant sans père au lycée, elle rencontre son mauvais ange quelques années plus tard, Julien, et forme assez vite avec lui un duo façon Bonnie & Clyde du pauvre, en ayant laissé son petit garçon, Charlie, à la garde de sa soeur. Laquelle refile l'enfant à leur père. Qui en perd la garde, au profit d'une famille d'accueil - car il s'absente trop souvent au goût des services sociaux.
On est à la limite du quart-monde, toujours très gratifiant cinématographiquement ("signifiant" pour le spectateur bobo visé - sans oublier qu'il est lucratif, car il permet de trouver les financements sans problème, entrant pile dans le cahier des charges des différents organismes à solliciter). Et à la lisière entre le mélo ordinaire (ici un classique : l'histoire d'une famille qui n'a pas de chance - sniff) et le portrait "attachant" : celui de Suzanne, qui cherche (et trouve) son destin en s'attardant sur la case "prison".
La seule surprise vient d'un François Damiens au "look" inhabituel côté pilosités: imberbe (puis moustachu, sur le tard) et, assez loin dans le film, avec des cheveux !
La réalisatrice a voulu gommer le pathos en systématisant les ellipses : bof ! Quant au récit lui-même, platement linéaire (les récurrences "elliptiques" mises à part), ses chapitres se déroulent gentiment, de manière quasi "téléphonée" - figures imposées d'un drame étriqué.
Seule chose à sauver : la prestation très méritoire de Sara Forestier. Mais ses efforts de tous les instants pour emporter la conviction tournent bien sûr à vide, la "partition" à jouer étant bien courte.