Réalisé par Abdellatif Kechiche, "La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2" est un film qui a beaucoup fait parler de lui. Ayant remporté la palme d'or à Cannes, il était clair qu'il fallait voir ce projet. Et clairement, dans ce qu'il propose, le long-métrage réussit totalement son coup, car il vous fera forcément réagir, que ce soit de manière positive, ou négative. De mon côté, même si l'introduction m'a laissé penser à beaucoup de bonnes choses, je dois dire que l'ensemble n'a pas vraiment réussi à me convaincre. Sur le début, on distingue rapidement les intentions du réalisateur, celui-ci proposant une mise en scène proche du naturalisme. Par conséquent, le rythme est très lent, on suit notre personnage dans son quotidien (même dans des moments assez banals) et aucune musique ne pointe le bout de son nez. L'ambiance est donc extrêmement particulière, mais elle a pour but de nous plonger au sein des émotions de notre héroïne. Celle-ci sert à amener la thématique principale du film, à savoir l'homosexualité. Et déjà, avec ce thème, on comprend pourquoi le projet a autant intrigué à sa sortie. En 2013, quelque temps après la légalisation du mariage pour tous, un film sur ce sujet reflétait forcément quelque chose. Et globalement, je trouve que le film exprime correctement cette idée. Le personnage d'Adèle est jeune, elle hésite donc énormément, et cette approche de l'homosexualité sera amenée de manière assez intéressante. Cela se fait par le très bon duo qui compose le film, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux étant extrêmement en jambe. Mais aussi, par une honnêteté très efficace sur ce sujet, via quelques scènes vraiment fortes, où le rejet de cette sexualité sera montré d'une manière assez frontale. Le fait de constamment suivre notre héroïne permet de comprendre l'horreur de recevoir ce genre de réflexions, ou d'être mal catégorisé. Par conséquent, cette plongée au sein des sentiments de cette dernière sera intéressante, dans une ambiance où le réel prend clairement le pas sur le reste (via de longues séquences et des dialogues qui semblent parfois improvisés). Mais malheureusement, le centre du film apporte un tournant qui m'a vraiment dérangé, et cela vient dans la manière d'aborder la sexualité de l'héroïne. Sur le papier, je n'ai rien contre les scènes intimes, car elles racontent généralement quelque chose. Mais ici, j'ai vraiment la sensation que le réalisateur a tenté d'assouvir ses fantasmes quand on voit certaines séquences. Le fait qu'elle soit longue n'est pas forcément le problème, mais elles reviennent de manière extrêmement fréquente, sans que cela soit forcément justifié. Par moments, elles arrivent réellement de nulle part, et on se demande ce que cela raconte. On est dans un moment banal qui développe le film, et la scène qui suit amène une scène de ce genre, sans aucune justification. Et ce genre de moments, il y en a beaucoup. Face à cela, j'ai donc été dérangé, et cela m'a immédiatement sorti du film. Le problème n'étant pas de voir des relations entre femmes homosexuelles, mais d'en mettre à un point où cela paraît inapproprié. Et par la suite, cela m'a donc posé des problèmes. Le rythme du film étant assez lent, et étant ressorti de l'ensemble, je me suis beaucoup ennuyé pendant la dernière heure. Là où la première partie avait réussi à m'attraper par ses thématiques, la deuxième n'a jamais réussi à m'intéresser. On se contente simplement de suivre un schéma très classique,
où notre héroïne va commencer à douter de son couple et de ses sentiments.
Le temps s'avère donc beaucoup plus long, et les 3 heures paraissent interminables. Cela dit, je dois bien avouer que le final réussit à apporter une conclusion intéressante.
On est loin de la fin très joyeuse et basique, elle laisse une porte ouverte à plein d'interprétations, je comprends donc parfaitement l'idée.
Malgré tout, même si je reconnais clairement les idées de ce film, l'ambiance qui y règne est parfois très malsaine. Cela m'a complètement sorti du reste du projet, malgré ses qualités. Pour conclure, un projet assez étrange.