Ce qui aurait dû être l’un des blockbusters les plus atypiques de cet été 2015 n’a finalement été qu’un pétard mouillé parmi tant d’autres, comme en témoignent les critiques et les chiffres du film au box-office mondial (échec commercial aux États-Unis, où il n’a pas su rentabiliser son budget de 88 millions de dollars). Pourtant, Pixels partait d’un postulat tellement délirant (excellent court-métrage de Patrick Jean) qu’il aurait pu se présenter comme un Independence Day loufoque ou, dans le meilleur des cas, une sorte de Mars Attacks ! flirtant avec les jeux vidéos. Malheureusement, le résultat est bien en-dessous des espérances.
La faute revenant principalement à un nom présent au casting, celui d’Adam Sandler. Ce comédien abonné aux comédies hollywoodiennes aussi lourdingues que désespérantes et qui n’a fait, ces dernières années, qu’enchaîner les navets sans nom, occupe ici différentes casquettes : acteur principal, scénariste et producteur. Vous l’aurez compris, le bonhomme, bien qu’il ne soit pas à l’origine du projet, a eu la main mise sur ce dernier. Jusqu’à se l’approprier de bout en bout, l’éloignant de ce qu’il devait être. Car au final, Pixels n’est ni un banal film d’invasion extra-terrestre ni un délire purement assumé, mais juste une comédie estampillée Adam Sandler. Le genre de divertissement humoristique qui cumule les personnages à la fois débiles et énervants, les blagues de mauvais goût et rarement drôle (on sourit tout de même, il faut bien l’avouer), un scénario pas travailler pour un sou (le suspense est vite éventée lors de la séquence d’introduction) et des interprétations douteuses de la part des comédiens (seul Peter Dinklage s’éclate véritablement). Sans compter la constante mise en avant de son acteur principal qui peut diablement agacer. Mais ce dernier constat ne fait pas que cela.
En effet, à force de trop concentrer sa trame sur son protagoniste aussi vide qu’inintéressant, Adam Sandler met de côté l’attrait principal de Pixels, à savoir les jeux vidéo. En effet, alors que nous étions en droit d’attendre des séquences spectaculaires comme le laissait envisager le court-métrage, à savoir des destructions de villes à la Independence Day, Pac-Man et consorts sont réduits à l’état de mini-boss que les héros doivent affronter. Quelque part, cela peut faire référence au monde vidéoludique (le joueur passant de niveau en niveau). Mais de la part d’un tel long-métrage, on voulait autre chose que voir des personnages de jeux vidéo ne servant à rien d’autre que de chair à canon pour les protagonistes, qui les dégomment à tout-va. Pire, Pixels évite même d’être un hommage aux jeux vidéo rétros alors que cela aurait pu le sauver. Preuve que Sandler se fichait totalement de ce qu’il avait entre les mains au point d’y faire des références incompréhensibles (pourquoi avoir mis un Schtroumpf, franchement ?).
Et c’est vraiment navrant d’en arriver là, vu que Pixels, en soi, n’est pas si mauvais que cela. Et pour cause, il suffit de voir certaines séquences mettant justement en avant les jeux vidéo pour s’en rendre compte. Allant de Space Invaders à Donkey Kong en passant par Pac-Man (
rigolote course-poursuite dans les rues de New-York
), ces scènes jouissent d’un rythme et d’une bande son tout bonnement agréables, et surtout d’effets spéciaux certes pas phénoménaux (on a vu mieux ailleurs, c’est certain) mais suffisamment plaisants pour que l’on puisse se plonger dans l’action sans déplaisir. Dommage que la direction artistique soit aux abonnés absents et que le réalisateur Chris Columbus, qui n’a décidément plus rien fait de potable depuis Harry Potter et la Chambre des Secrets, ne parvienne pas à rendre ces moments-là spectaculaire alors que visuellement parlant, le potentiel était là.
Malgré tout ce qui a été dit dans cette critique, il faut reconnaître une chose à Pixels : le film n’est pas ennuyeux. Et c’est pour cela qu’il mérite (bien que ce soit un grand mot) une telle note. Malheureusement, cela n’est pas suffisamment pour faire passer la pilule. Surtout qu’on s’attendait à autre chose qu’une comédie. Autant revoir le court-métrage de Patrick Jean qui, en à peine trois minutes, avait su amuser tout en réveillant la fibre nostalgique chez la plupart des spectateurs. À mes d’ailleurs, pourquoi ne pas lui avoir donné les commandes de cette adaptation sur grand écran ? Le résultat en aurait été sans doute bien différent !