Si la première demi-heure partait bien, le reste du film s’installe plan plan. La promesse de la première demi-heure n’est plus tenue. Je m’attendais à une histoire plus ancrée dans le quotidien des vrais gens : obliger de travailler, aller au boulot en traînant la jambe tout en préservant ses rêves, tout en persévérant dans sa passion. Au lieu de ça, on nous rabâche une histoire prévisible à plein nez avec une morale à deux euros. En effet, ça partait bien avec la déprime de Gilbert, sa fugue tout en embarquant et tout en influençant Thomas, son futur gendre. Ca partait bien de les voir se conduire en gamins, surtout Gilbert ; il aurait été intéressant voire comique de les voir persister dans l’erreur. C’était sympa et réaliste le scepticisme de Lola, laquelle mettait en doute les talents artistiques de Thomas, préférant qu’il consacre toute son énergie à trouver un « vrai boulot » afin d’acheter un appartement dans lequel elle comptait vivre une vraie vie de couple. C’était sympa que Thomas se sente oppressé devant cette perspective de vie bien rangée. C’était sympa que Thomas tente sa chance auprès des maisons de disques et qu’il aille d’échec en échec le ramenant à la réalité de Lola. J’y ai cru naïvement. Franchement, j’ai cru que la chanson « Je t’aime » épelée était une farce ; j’ai cru naïvement que sa voix éteinte et qui avait du mal à soutenir la note était aussi une farce. Et ben non ! Sa chanson ridicule séduit et sa voix aussi. C’est vrai, dans la réalité, nombre de chanteurs réussissent avec une telle panoplie affligeante de failles. Dommage. J’aurais aimé du contraire. Qu’il soit petit à petit remis en cause. Qu’il se rende compte combien Lola avait raison. Qu’en retournant à ses côtés, il s’engage à affronter ses responsabilités tout en continuant de travailler sa musique et sa voix. Le film aurait pu s’ouvrir sur une promesse, sur de nouveaux espoirs. Au lieu de ça, on nous sert une intriguette « Harlequin » avec un Gilbert qui trahit les convictions artistiques de Thomas et une star de la Pop qui aime ce qu’il fait ! On voit un Thomas galérer mais dans le milieu artistique avec la fameuse mauvaise conscience : « Je vends mon âme au Diable ! » Si Gilbert rentre au bercail après avoir essuyé la morale de Thomas, celui-ci retrouve les bras de Lola vainqueur ! «Tu vois, t’avais pas confiance en moi, je te prouve le contraire ! » Certes, cela aurait été un autre film. Mais ça aurait pu être ça aussi. « Les gamins », c’est de croire qu’on peut faire ce qu’on veut en fuyant momentanément ses responsabilités, lesquelles comme le film le dit aussi bien, finissent par vous ratrapper et c’est normal, la fugue participe aussi à la réflexion. Là, j’ai vu un conte de fée assez décevant. Enfin, je termine sur une bonne note, l’interprétation et le plaisir de savourer Alain Chabat et Sandrine Kiberlain dont la comédie lui va à ravir. Enfin, le personnage de Claude, homme parfait en tout est une bonne trouvaille.