Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Hastur64
223 abonnés
2 289 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 20 octobre 2013
Je me suis mis devant le film de Rachid Djaïdani sans aucun a priori étant donné que je ne connaissais rien de ce film, pas plus le sujet que le réalisateur. Autant dire que j’ai été au début, comme beaucoup de spectateurs je pense, déstabilisé par une histoire dont le traitement est vraiment sans comparaison avec ce qui ce fait dans le cinéma traditionnel et qui évoque peut-être un peu les films dans le genre du cinéma Dogma. Passé ce moment un peu délicat on finit par se laisser porter par une histoire somme toute assez banal, mais qui est l’occasion pour le réalisateur de passer au crible pas mal de sujets attachés à la deuxième, voire troisième ou quatrième génération de fils d’immigrés qui continuent à véhiculer, parfois malgré eux des préjugés ancestraux ramenés de leurs cultures d’origines. Le principal étant le racisme, qui pour une fois n’est pas le fait de blancs envers tous les autres. Sabrina va se marier et elle n’a pas prévenue ces frères, première faute pour des garçons qui ont été élevés dans une culture fortement patriarcale et elle ose en plus prétendre épouser un noir, suprême affront pour l’honneur de la famille. Slimane l’aîné des quarante frères va alors tout faire pour le retrouver et mettre un terme à cette conduite honteuse. Le cinéaste n’est pas tendre avec sa communauté et n’épargne pas non plus les autres en pointant l’hypocrisie qui préside à leurs comportements : un racisme déjà évoqué, mais aussi le machisme, une attitude religieuse à géométrie variable pour ne pas dire hypocrite, l’homophobie, la violence dans les comportements. Mais il pointe aussi du doigt l’attitude de la société à travers le cas du futur marié et aspirant acteur dont le profil ethnique lui barre tout accès à des rôles importants. Le film est pour cela très fort, même s’il s’essouffle dans le dernier quart d’heure où il a du mal à trouver une conclusion convaincante. Mais il se dégage du film une force un peu foutraque qui nous emporte et nous fait écouter le propos avec attention. Le côté minimaliste du jeu, de l’histoire et de la mise en scène permet une mise en exergue du propos qui rend un petit film, à l’histoire très linéaire, vraiment passionnant. À voir pour le traitement de sujets totalement absents dans le cinéma français en général et pour encourager un cinéaste à la passion évidente pour son métier (après tout il a quand même mis 9 ans à tourner et monter ce film !).
Il est noir : elle est maghrébine ; ils s'aiment et veulent se marier ; mais elle a 40 (!) frères qui ne l'entendent pas de la même oreille. Je suis allé voir "Rengaine" plein de préjugés contre ce conte moderne, Roméo et Juliette déjà cent fois filmé, histoire des amours impossibles d'une Rebeu et d'un Renoi filmé par un jeune-réalisateur-autodidacte-enragé. Tout de la vidéo tremblante filmant en très gros plans jusqu'à la fausse ambiguïté du titre (substantif féminin ? ou impératif présent ?) me semblait frelaté. Preuve qu'il faut savoir aller au-delà de ses préjugés : j'ai adoré cet OFNI (Objet filmé non identifié) d'1h15 aux frontières du conte et du documentaire. Sa forme, si on réussit à oublier le mal de tête que donne une image épileptique, est sacrément culottée. Son fond diablement intelligent. De mère soudanaise, de père algérien, Rachid Djaïdani traite avec juste ce qu'il faut d'humour et de sérieux, le sujet périlleux du racisme intercommunautaire. Pas celui, rebattu, des méchants Blancs contre les gentilles "minorités urbaines", mais celui qui sépare les Noirs et les Arabes, les Musulmans et les Catholiques, les circoncis et les incirconcis. Si le film a fait un tel buzz à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, ce n'était pas tout à fait usurpé.
Grammaire cinématographique rudimentaire, à base de caméra chaloupée en permanence et de gros plans disgracieux décadrés, images d'une grande laideur. Pour dire quoi ? Sabrina et ses 40 frères (hymne implicite à la polygamie, bien qu'une seule mère soit évoquée pour ces 41 rejetons - entre donc l'exagération orientale à la Shéhérazade et un super Prix Cognacq-Jay !) sont en désaccord sur son avenir sentimental, la jeune fille s'apprêtant à convoler avec Dorcy, un Noir protestant évangélique. C'est Slimane le (presque) frère aîné qui veille au grain, bien qu'en position délicate pour jouer les juges de paix, cachant de son côté une idylle peu orthodoxe. L'effet perturbant de la nouvelle du mariage dans les 2 familles et chez les proches est le fil rouge principal : les saynètes s'enchaînent, dans une logique erratique, accumulant les effets attendus d'une pseudo étude de moeurs sur fond de communautarismes en choc frontal, sur l'air de l'entre-soi pour chacun des camps, avec épilogue édifiant, mais bien sûr à la sauce musulmane, ce qui le met à l’abri de toute critique méprisante des germanopratins et autres bobos qui crient au génie (sic) ! Le deuxième fil rouge, celui des tentatives de Dorcy pour devenir comédien, est plus inventive (morceau de bravoure : "la Métaphysique de la Chair"). L'interprétation enfin (amateur, on l'espère) est plutôt lamentable.
Incompréhensible encore une fois cet engouement ! Certes : pas de remise en cause de l'intégrité de l'auteur, là n'est pas la question. Pas grand chose à dire non plus de la forme, nous sommes prêts à accepter ce filmage, ce montage qui dans le meilleur des cas peuvent être une force. Le problème (l'immense problème) concerne le fond : il n'y a dans "Rengaine" qu'une succession de clichés. Je me suis senti très souvent mal à l'aise devant ce film, comme s'il s'adressait à nous bobos parisiens, ayant besoin d'un cours d'1h15 sur la différence, sur l'intégration. Vous trouvez véritablement brillant cet enchaînement de scène bien pensantes ? Vous ne trouvez pas ridicule la séquence de la cinéaste totalement dingue, par exemple, ou celle du face à face des deux grands frères ? C'est étrange, cette impression d'avoir vu un film qui joue contre ce qu'il semble vouloir dénoncer et qui me place dans une position de spectateur idiot. J'ai trouvé Rengaine extrêmement consensuel. Il y a 25 ans, Gérard Blain réalisait Pierre et Djemila, ça fait 25 ans !
Rengaine m’a semblé un conte des mille et une nuits (les 40 frères, voleurs du bonheur d’une sœur ?), dans une banlieue où il ne fait pas bon vivre. C’est aussi un cheminement intérieur violent et douloureux, une quête du divin et de la grâce qui tombe sur le cœur endurci du héros, le laissant abasourdi. Les mouvements de la caméra saccadés épousent des paroles et gestes qui ne peuvent être qu’invectives et brutalités dans un monde refermé et sans espoir ; mais c’est sans compter avec la capacité du héros à se transformer et sa face cachée d’être humain accessible aux autres, au point (ultime) d’entendre le Coran et de renoncer à la violence. Sans-doute quelques maladresses dans le scénario, mais au final, un film intense qui élève l’âme, s’il y en a une.
Histoire sincère sentant un peu du vécu de tous les jours dans certaines mentalités et qui a le mérite de tourner en dérision certaines idées et préjugés qui persistent dans certaines sociétés. Il faut se faire violence quand on est amateur de belles images au cinéma, mais la proximité de la caméra épaule plein cadre sur les visages fait sens un peu comme la réalisation de "Festen". De l'humour et beaucoup d'audace pour un film quasi amateur.
Voilà la preuve qu'il ne faut pas des montagnes d'argent pour faire du cinéma ! En effet, la première chose que l'on remarque dans ce film, c'est qu'il a très peu de budget. La seconde, c'est que c'est bourré d'idées. Si on ajoute à cela des acteurs qui en veulent vraiment, on se retrouve avec un beau petit film. Rengaine, pas langue de bois pour un sou, nous fait vibrer du début à la fin. Il faut encourager ce cinéma là.
au début j'ai cru que ça avait été filmé avec un téléphone portable....Limite insupportable j'ai failli quitter la salle.....Heureusement le film a du fond et nous parle de la banlieue sans concession, c'est à mi chemin entre le documentaire et le film.....le metteur en scène brouille les pistes avec subtilité pour faire rebondir en permanence son scénario....Cela fonctionne plutot et le grand frère tient une place prépondérante dans l'argumentation d'un regard qui n'est ni alarmiste ni consensuel (la religion tient une grande place )....C'est souvent cru comme cinéma mais on finit par s'attacher à l'univers décrit ....Quant à moi qui ne suis pas allé à Paris depuis bientot 5 ans, j'ai trouvé les scènes musicales (jazzy) d'une extreme finesse montrant une image chaleureuse (sans doute à tort) de ces cafés improbables, de ces terrasses contrastées où tous les univers se cotoient...Les morceaux musicaux sont à mon avis le point fort du film et montre une grande poésie (les scènes nocturnes de la grande roue sont sublimes)....Peut être qu'un parisien n'accrochera à cet univers qu'il jugera trop familier mais j'y ai trouvé une émotion certaine, ("ce film déchire grave")......A vous de voir....
Un très beau film, très dense, plein d'humour et d'énergie, que je recommande à toutes brouteuses comme moi. Enfin un film français un peu intéressant !
Pas facile de rentrer dans le film, il faut s'accrocher, persévérer, supporter la manière de filmer, l'agressivité des échanges, l'archaïsme des traditions, la lourdeur du cadre familial, le quotidien immediat, l'avenir incertain, les doutes, ...mais ça marche, les personnages évoluent, ça prend du temps mais c'est efficace, et surtout très crédible, et alors il n'est plus question d'effort, mais d'intérêt et in fine on est conquis. Efficace.
Il y a des films qui ne servent à rien, comme le 5e volet de la saga Twilight. Aussitôt vu, aussitôt oublié. Et puis il y a des films qui, produits sans un rond, et filmés avec les pieds, apportent au monde non seulement du cinéma, mais aussi du courage, de l’humanisme, et des émotions. Pas une fois, les mots « raciste » ou « racisme » ne sont prononcés par les protagonistes. Les communautés se côtoient tout en se détestant : parfois, les mots sont prononcés et rappellent l’impossibilité des amitiés et des amours. L’hypocrisie crève les yeux. Copain ? Ennemi ? Les valeurs sont fantasmées. On ne s’écoute pas vraiment. On s’adresse la parole, on s’envoie des mots, des conneries. Les insultes, les agressions verbales se perdent dans la ville comme des pets inodores… Le grand frère colporte son obsession auprès des autres pour obtenir leur soutien : adhésion des imbéciles ; incertitude des faibles d’esprit ; ferme opposition des travailleurs… Le film dénonce : à la dérive, sans emploi, ou avec celui de dealer, à quoi raccroches-tu ta pensée ? Elle ne vaut rien. Ta déroute, toi qui glandes, te conduit à la même bêtise… Tu es prêt à adhérer à ce projet absurde que je trimballe avec moi. Tu m’énerves. Soudain, un os : le grand frère n’a plus un demeuré en face de lui, mais un homme qui bosse, les mains dans le cambouis. Le message est stoppé net. Tout à coup, la réflexion… Un reflet. Soi. Ai-je appliqué les mêmes préceptes à ma propre existence ? Grandiose. Courez voir ce petit film miraculeux !
L'intérêt majeur du film est d'attaquer frontalement les questions d'intolérance et de racisme dans les communautés arabes et noires de France. A travers les 40 frères, Djaïdani brosse le tableau de toutes les attitudes possibles face à l'annonce d'un mariage mixte. L'autre intérêt c'est d'avoir resserré l'histoire autour d'une génération sans aller voir du coté des parents pour la jeune femme, d'aller au contraire voir seulement la mère, et personne d'autre du coté du garçon. Malheureusement le film n'est pas exempt de défauts, tout d'abord la forme aussi datée qu'agaçante. Entre la caméra à l'épaule et les plans serrés c'est fatigant et ça donne un manque d'horizon pénible. Sur le fond, on sent que Djaïdani a voulu faire oeuvre pédagogique, et à ce titre là a voulu envisager tous les cas de racisme, sexisme, homophobie... et là encore trop c'est trop. En synthèse c'est un premier film très honorable et courageux, qui souffre d'un trop plein dû à tout ce que le réalisateur avait envie de raconter. Je serai curieuse de voir son deuxième film avant 10 ans j'espère.
Malgré évidemment les défauts de qualité de réalisation et de moyens , Djaidani emporte le tout grâce à ce conte passionnant , le choix de réalisation peut rebuter mais est finalement je pense la bonne idée pour "Rengaine" . Certaines scènes sont inutiles d'autres sont absolument incroyable d'intensité et d'intelligence . C'est fou un cinéma comme ça mais c'est libre .
Film qui mélange tout. Maladroit ou nauséabond ? Dans ce film les noirs et les arabe ne sont pas les victime du racisme mais leur auteur ! N'oubliont pas que le racisme n’est pas un simple sentiment de haine mais un rapport social de domination des riches (blancs) contre les pauvres. Entre opprimés, il ne peut y avoir de racisme. Sans parler des cliché sur les arabes qui ont 40 enfant et domine leur soeur...