Matthew Vaughn semble s’affirmer, depuis plusieurs années déjà, comme l’un des nouveaux grands réalisateurs de divertissements. Après un film « parodico-comique » sur les super-héros (Kick-Ass) et un film de super-héros plus sérieux (X-Men : Les origines, l’un des meilleurs de la série), le britannique s’attaque à nouveau à un « Comics-book », cette fois sauce « british ».
« Kingsman » présente une singularité déroutante dans sa tonalité narrative. A la fois une parodie assumée jouissive des films d’espionnages et un film d’action premier degré chargé d’intensité et de nervosité, le film adopte un style assez particulier. Il sera peut-être difficile pour certains de cerner la nature du long-métrage, mais ce qui est sûr, c’est que ce mélange mirifique fonctionne à merveille. Le dosage est particulièrement bien géré ; la narration fluide et quelque peu hystérique provoque une jouissance persistante. Tout le long du film, le spectateur est acculé de scènes intenses et divertissantes à souhait, et malgré un premier quart d’heure poussif, impossible de s’ennuyer pendant ces 2 H de pur plaisir. « Kingsman » reste évidemment, un film assez conforme, façonné d’évidences et de facilités scénaristiques (jamais enflées), mais sa réalisation terriblement efficace et inspirée pour le coup, facilite durablement le spectacle. Car si l’écriture paraît parfois superflue (volontairement ou involontairement, je ne sais pas), la mise en scène de Vaughn regorge d’inventivité, et ce, surtout dans les scènes d’actions. Acculées de ralentis esthétiques, de « slow-motion » et d’une palette de mouvements de caméras acrobatiques, ces séquences d’actions parviennent à capter et à transposer le public, donnant l’impression de voyager sans cesse avec cette caméra toujours mobile. Très lisibles, rythmés, remarquablement cadrés et travaillés (« Kick-Ass » partage beaucoup de similitudes à ce niveau-là), ces esclandres restent la principale attraction du film. Autre qualité, et pas des moindres, de ce « Kingsman » est son casting. Bien que le petit luron de Taron Egerton soit un peu trop léger à certains moments, Colin Firth s’avère être extrêmement convaincant dans son trois pièces d’espions, classe et efficace. Mark Strong, qui aurait bien pu endosser le rôle du méchant, reste un très bon second couteau. C’est le plutôt (trop) rare Samuel L. Jackson, qui, accoutré de ses plus beaux couvre-chefs, nous concoctes un savoureux « Bad Guy » totalement halluciné et surtout très fun. « Kingsman : Services secrets » confirme donc, le talent de Matthew Vaughn, qui consolide un peu plus, son statut de réalisateur créatif et cocasse.