Son art du cadrage et du découpage nous a prouvé, dans ses précédents films, le talent de Matthew Vaughn pour retranscrire à l’écran l’imagerie des comics, et le revoir adapter un roman graphique de Mark Millar pouvait laisser prévoir de nous retrouver face à une comédie dans l’esprit faussement trash des deux Kick-ass. Mais Kingsman ayant été coécrit par Dave Gibbons, qui avait également participé à l’écriture de Watchmen, on était en passe d’espérer y trouver davantage de maturité. Au lieu de pasticher l’univers des super-héros, ce sont les codes des films de James Bond qui sont cette fois allégrement détournés (rien d'étonnant quand on sait que c'est Vaughn qui a fait connaitre Daniel Craig, l'actuel agent 007). Mené par le toujours raffiné Colin Firth, que l’on s’étonne à voir se battre avec autant de classe, et accompagné par son jeune novice incarné par la révélation Taron Egerton, le scénario est construit de façon extrêmement classique, au point de rendre les rebondissements importants très prévisibles, mais fourmille de bonnes surprises. Parmi elles, on peut relever la présence de guest-stars ou bien encore le défaut d’élocution du méchant (un rôle dans lequel Samuel L. Jackson ne fait pas qu’arborer un énième look excentrique puisqu’il parvient à rendre son rôle aussi grotesque qu’intelligent) mais la plus grande réussite du film se trouve sur le plan visuel. Une scène en particulier,
la bagarre dans l’église
, restera immanquablement dans les mémoires, tant sa virtuosité relève d’une maitrise technique qui a toutes ses chances de faire office de modèle pour beaucoup de films à venir. Amusant dans son sens de l’autodérision et du détournement des gimmicks convenus, ce Kingsman semble être promis à servir de point de départ à une franchise juteuse.