Je trouve ce début 2014 bien moribond, et ce n'est pas Out of The Furnace, drame social académique qui prend beaucoup au cinéma américain sans lui rendre grand chose, qui me fera changer d'avis. Notons d'abord que le film n'a rien d'antipathique, mis à part qu'après avoir tant promis, il s'avère incapable d'imprégner un tant soit peu le spectateur. Ce n'est pourtant pas faute, pour Scott Cooper, d'avoir eu les cartes en main. Tout d'abord, on découvre en effet, après un Crazy Heart qui laissait le champ libre à Jeff Bridges pour lui amener sa substance, un travail visuel plus approfondi, et ce avec talent. Si pas mal de plans sont évidents, Cooper développe quand même un cinéma racé, qui sait faire la part entre la pose et le mouvement. Le décor en friche de cette Rustbelt ravagée par la crise est très bien exploité, trop bien peut-être, par rapport au peu de matériau concret que le scénario parvient à tirer des scènes de délabrement qui sont mises à sa disposition. Rien de plus inspiré, en effet, qu'un discours déjà vu sur la fatalité et les conséquences sociales de la pauvreté. J'aurais préféré, personnellement, que Cooper se concentre finalement uniquement sur cette histoire de vengeance sur fond d'opposition entre légalité et justice individuelle, ce qui aurait laissé un terrain encore plus propice à l'expression du trio principal, atout majeur des Brasiers de la colère. Bale, Harrelson, Affleck : trois noms, une identique capacité à convaincre, et ce même, pour le premier, en dépit du manque d'ampleur de son personnage. Les deux autres bénéficient de deux rôles plus emballant, et c'est sans doute pourquoi ils m'ont davantage marqué, surtout Harrelson en psychopathe badass et sans limite, comme il sait si bien les jouer. Affleck (Casey - mais est-il besoin de préciser de quel Affleck il s'agit quand je m'apprête à louer le jeu d'un acteur ?) rend lui aussi une nouvelle copie de grande classe dans la peau d'un traumatisé de guerre, tête-brulée et border-line. Le reste du casting (Zaldana, Dafoe, Whitaker, Shepard) fait le boulot mais reste en retrait, loin du rayonnement du trio. On est quand même bien en droit de regretter, avec tout ça, la fadeur et la sagesse de l'ensemble, qui fait parfois les choses de travers, jouant la carte émotion ou drame presque par acquis de conscience ou avec un manque de discernement. Bien filmé, bien joué, mal écrit. C'est dommage, et à part la scène de la chasse au cerf ou l'environnement industriel, je préfère éviter de comparer frontalement Out of the Furnace et The deer hunter. Le choc pourrait être létal, et pas pour le chef-d'oeuvre de Michael Cimino.