Ah, les critiques! Voilà un film, Les Brasiers de la Colère, réalisé par le jeune (encore jeune) Scott Cooper qui a été méprisé par la plupart des critiques, à commencer par celui de Téléobs qui n'a même pas jugé bon de le chroniquer.... bien qu'il bénéficie d'un casting époustouflouiant. Bravo! Car c'est, en fait, un de ces films américains comme on les adore, noir de chez noir, tendu, angoissant.
Deux frères. Un bled paumé, Braddock, des usines désaffectées en pagaille, une aciérie qui marche encore. Russell (Christian Bale) est ouvrier, c'est un type raisonnable, religieux.... mais il lui est arrivé un très sale truc. Il a été responsable de la mort d'une jeune fille, alors qu'il roulait bourré. Ce qui lui a valu un passage en prison. Pendant lequel son père est mort mais, surtout, pendant lequel sa fiancée (Zoe Saldana) est partie, pour se marier finalement avec Wesley, le shériff local (Forest Whitaker).
Tout cela, on voit bien que Russell ne s'en remettra pas, bien qu'il ne dise pas grand chose. On le voit déposer des fleurs au carrefour où l'accident est arrivé. On le voit aussi (et ça nous rappelle quelque chose...) ne pas tirer sur le cerf qui est en face de lui, au cours d'une partie de chasse avec son oncle (qui l'aide et le soutient, on a un sens sacré de la famille chez ces gens là, notre cher Sam Shepard). Mais surtout, la croix de Russel, c'est son jeune frère Rodney (Casey Affleck, toujours assez fade). Il a toujours été fragile, mais depuis son passage dans l'armée, quatre missions en Irak, il ne peut plus se réinsérer dans une vie normale. Il est lié à un petit voyou, Petty (Willem Dafoe) qui prête de l'argent, prend des paris, et organise des combats de boxe clandestins. Ah! ces combats de boxe! Ils reviennent régulièrement dans le cinéma américain. Dans des endroits sordides, entrepôts ou usines désaffectés, on se bat à mains nues, tous les coups sont permis, au milieu d'une horde de brutes beuglantes. Rodney travaille pour rembourser Petty, mais son rôle n'est pas de gagner: c'est de faire semblant de se battre.... puis de se coucher. Après s'être fait copieusement tabasser. Et Petty est lui même endetté vis à vis d'un des caïd de ces combats clandestins, Harlan DeGroat, un "montagnard", un salopard sadique et vicieux. A qui Petty "vend" Rodney, espérant ainsi payer sa dette. Tout cela ne peut que mal finir, n'est ce pas? Ben oui. Et Russell va chercher, d'abord à retrouver son frère, puis à venger son frère malgré les efforts du brave Wesley qui veut que ce soit la police qui règle tout cela.
Depuis Délivrance, ça fait quand même un bail, on sait que les Appalaches (qui ont plutôt l'air de collines aimables, à deux pas de la hautement civilisée East Coast!) abritent des "montagnards" totalement dégénérés, des crétins congénitaux dont DeGroat est certainement le plus magnifique représentant. Woody Harrelson, rouquin efflanqué spécialiste des personnages tordus et des psychopathes a considérablement forci -et dans ce rôle, il est tout simplement terrifiant.
Moi, je suis complètement rentrée dans le truc, j'ai marché à fond, et j'ai adoré. Je vous conseille d'y courir, si vous trouvez encore un cinéma qui le passe. Et si vous aimez les thrillers from Amerlockie, of course...