Voici un film découvert récemment avant sa sortie en salle, et le louper m’aurait fait mal au regard d’un casting affolant (Christian Bale et Woody Harrelson se partageant l’affiche, que dire de plus) ; le visionnage s’est fait toutefois sans réel a priori, et là était l’occasion d’observer le travail de Scott Cooper, cinéaste ayant déjà glané deux oscars avec son premier et unique film, Crazy Heart. En somme, le tout s’annonçait prometteur, mais sans plus tergiverser, l’on peut dire que Les Brasiers de la Colère (vf un poil étrange) manque le coche, celui-ci arborant une réalisation pour ainsi dire superbe, mais dont l’intrigue n’offre rien de sensationnel. En ce sens, voyez le tableau : le film nous dépeint la vie à Braddock, ville ouvrière américaine faite de misère sans trop d’espoirs, où l’on suit les péripéties pour ainsi dire malchanceuses de la fratrie Baze. Dès lors, il découle de cet environnement peu enjôleur une ambiance grisâtre, aux relents sombres et désespérant, allant de pair avec un réalisme aussi âpre qu’immersif ; bien peu de réjouissances donc, mais à l’image de sa scène d’introduction, Out Of The Furnace parvient avec un certain brio à jouer de cette impression décourageante. On songe donc à la violence parfaitement distillée, qui nous frappe d’entrée de jeu avec l’inquiétant Harlan DeGroat, sorte de sociopathe peu avenant campé par un Woody Harrelson grisant. L’intrigue elle ne fait pas de miracle, opérant dans le registre conventionnel qu’est celui de la vengeance, mais sort malgré tout des sentiers battus au travers de son univers profondément ancré dans le réel ; cela se traduit notamment par des protagonistes en tous points ordinaires (à quelques exceptions près), avec en tête de file Russel et Rodney Baze, qui tâchent seulement de s’en sortir avec le peu qu’ils ont. Autre point concernant le rythme : le film est cruellement mou, non pas que celui-ci en devienne dramatiquement ennuyeux, mais ce parti pris pour une approche anti-spectaculaire se veut logique, privilégiant ainsi un contraste saisissant entre cet ensemble lent, et les brusques montées de violence (parfois accompagnées de bons mais rares rebondissements). L’impression se dégageant d’Out Of The Furnace se veut donc mi-figue mi-raisin, bien que l’on reconnait volontiers sa qualité indéniable, mais à l’image de quelques dialogues sonnant faux, le long-métrage pouvait prétendre à bien mieux ; d’autant que, pour finir, le casting se révèle aussi solide que superbe : Christian Bale impressionne dans le rôle du charismatique Russel Baze, Woody Harrelson est égal à lui-même, tandis que Casey Affleck s’en sort plutôt bien malgré un personnage peu sympathique. Ainsi, sans trop s’attarder sur une galerie de protagonistes secondaires peut-être pas assez exploités, mais renversante (Dafoe, Whitaker, Shepard etc.), on peut conclure en disant qu’Out Of The Furnace vaut le coup d’œil, de par sa réalisation sans fautes et son casting dément, mais n’est pas pour autant inoubliable, loin de là. Le nom de Scott Cooper reste toutefois à retenir…