Soutenu par un Guillermo Del Toro qui n’est pas le dernier pour dénicher les talents de demain du cinéma fantastique, Mama, est bel et bien le film très prometteur attendu. Pas foncièrement original mais porté par une volonté salvatrice de traiter d’une mythologie fantastique à travers une forme de poésie noire, le premier film d’Andrés Muschietti souffre bien de quelques fautes mais s’impose comme un beau pari sur l’avenir. Une première œuvre qu’il ne faudra pas rater. Dès l’ouverture et l’apparition à l’écran du “Once upon a time…” le ton est donné et Mama emprunte clairement la voie de la fable horrifique. Une approche du fantastique bâtie sur des motifs fondamentaux du genre avec bien entendu en position centrale celui de la maternité. Mais plutôt que reproduire tout ce qui a déjà été fait en la matière, Andrés Muschietti choisit d’aborder l’exercice en se focalisant sur une opposition. Ainsi, une progression narrative se crée à travers deux approches opposées qui sont Annabel et Mama. Mama est une créature à la fois hideuse et fascinante car se traînant une forme de malédiction assez terrible, hantée par la maternité dont elle fut privée de la façon la plus brutale qui soit. Ainsi, Muschietti s'appuie sur la sensibilité de ses personnages, autant réalistes que fictifs. Il tente de rendre Mama plus humaine qu'elle n'y paraît mais c'est peut-être ce qui tue le film, ou du moins, la fin. En effet, Il en déborde même complètement dans son dernier acte, trop lyrique et appuyant trop fort sur un mélo qui fonctionnait au naturel, en étirant ses séquences plus que de raison. De plus, les différents sursauts dans le film qui serviront donc à qualifier ce film d'épouvante sont certes efficace pour certaines mais seront beaucoup trop prévisibles pour d'autres. Et certaines apparitions de Mama ne sont pas cohérentes et ne servent qu'à faire peur, mais comme l'on s'attend à cela on ne peut pas vraiment se plaindre. Mais la poésie morbide que Muschietti développe, sa réappropriation du concept de fable noire à travers son final certes excessif mais si émouvant - quoique .. -, la qualité de l’interprétation pour des personnages extrêmement complexes - Jessica Chastain est à nouveau impeccable et bien accompagnée par les jeunes Megan Charpentier et Isabelle Nélisse, étourdissantes - et l’élégance mature de cette mise en scène, ainsi que des variations sur des motifs classiques - Friedkin, Polanski, Del Toro - ne font pas de Mama un grand film fantastique mais un film à l'avenir prometteur pour ce réalisateur, qui pourrait bien devenir une figure importante du genre. Un bon film donc.