Epreuve d’une avant-première il y a quelques semaines. Wheatley nous livre là un film (« d’horreur », ou « horrible », c’est selon) tendance « auberge espagnole » (pour les spectateurs bienveillants et les plus imaginatifs – la plupart est déjà partie !). En effet, les béances du scénario – car impossible d’y voir des « ellipses » ou autres figures de style (qu’on pourrait attribuer autant à la paresse, qu’à quelque astuce roublarde pour séduire les critiques, à défaut de pouvoir séduire le public) permettent aux spectateurs industrieux et indulgents d’y mettre ce qu’ils veulent ! Les influences du folklore celte peut-être, dans cette « quête » (le père joue au chevalier arthurien, mais à la recherche de quel « Graal » ?). Habillage d’un massacre rédempteur pour le compte de mystérieux justiciers donneurs d’ordre (qui scellent leurs engagements par un pacte du sang, comme des gamins), faisant châtier des pédophiles ( ?) : un prêtre, un archiviste, un membre du Parlement. En plus, c’est d’une laideur absolue (rien à voir avec une esthétique du laid, qui peut donner des chefs d’œuvre – la peinture en est l’exemple le plus remarquable, de Goya à Soutine ou Bacon), et cela ne fait même pas peur. Ce grand Guignol filmé à la truelle, comme pourrait le faire un amateur avec trois bouts de ficelle (vérification du budget : 800.000 dollars – on comprend mieux !) conduit à l’hilarité au mieux (l’« ultra-violence » revendiquée, à la « Orange Mécanique » par exemple, je la cherche encore) au rejet souvent (j’ai rarement vu autant de départs précipités de – jeunes – spectateurs ; j’ai pour ma part stoïquement tenu jusqu’au bout d’une très longue heure 35), à une impression persistante de « foutage de gueule » magistral en tout cas. Wheatley, « pubard » et auteur de « buzz » internet : bon garçon rondouillard, indiquant pendant les 5 minutes de « présentation » avant la projection en AP qu’il avait voulu exorciser ses peurs. Film « thérapeutique » donc, mais pauvres spectateurs pris en otages de ses délires !