septiemeartetdemi.com - Automata : film de science-fiction dans la lignée de l'école robotique qui devient de plus en plus ennuyeuse. Ce spécimen utilise le procédé autrement plus ennuyeux qui consiste à placer un quasi-plébéien qui s'improvise détective. C'est le personnage d'Antonio Banderas (qui répond au nom garanti génération aléatoire de Jacq Vaucan) et il est de ceux qui se découvrent un don dans la policerie. Don qui s'agit en l'occurrence de tout trouver du premier regard ou du premier geste, ce qui ne l'empêche pas de marcher au calme dans une décharge où il sait que les visiteurs sont abattus à vue.
On ne parle pas d'un départ sur les chapeaux de roue, d'autant que le premier tiers du film a toutes les apparences d'un patchwork d'inspirations diverses : du Blade Runner dans le design de la ville, du Livre d'Eli ou du Max Max dans les décors, du I, Robot ou même du District 9 dans le propos. La touche de symbolisme s'explique d'abord mal et il y a des tas de failles dans l'histoire ; d'accord, la population mondiale a été réduite de 99,7% par des éruptions solaires qui ont rendu la planète quasiment stérile... Mais sorti de ces quelques lignes explicatives d'introduction, le spectateur est laissé avec des variables non résolues assez énormes : comment les gens survivent-ils ? Quel est le régime politique ? Où est la question culturelle ? Certes, un film choisit toujours le sujet à la place du spectateur, mais il ne peut pas décemment laisser de si grosses interrogations ouvertes.
La première partie de l'œuvre a aussi ses bons côtés ; le parallèle fait entre futurisme et passéisme aboutit en une sorte de steampunk pas trop dégueulasse, et les personnages sont présentés avec une brutalité très naturelle même si leurs rôles sont assez fermés ; le détective détectera, le chasseur de primes chassera, le bougon à la tête du truc bougonnera, le robot robotera.
Et puis on entre dans le deuxième tiers du film et tout se met plus ou moins en place. Les robots mis en scène sont très proches de ce qu'on connaît aujourd'hui comme technologie, des sous-humains bêtement binaires sous des airs classes. Leur caractère propre au film est glissé avec subtilité ; c'est une altération délicate qui vient se nicher entre les deux sentiments qu'ils provoquent : empathie et frustration. Ils sont lents, pas trop, mais presque. Leur voix crépitante, à moitié agaçante et à moitié familière, est le symptôme de leur unicité. En tout ça, ils sont des personnages réussis.
Dans le troisième tiers du film, qui va finir de nous donner une indigestion de paysage désertique, on va voir que le symbolisme est la dernière pièce du puzzle caractéristique d'Automata : on y parle des robots comme de vautours, mais Vaucan est poussé aux mêmes extrémités qu'eux. La différence, c'est qu'il y met du sentiment ; il pleure de rage, de désespoir et d'espoir mêlés, des émotions que la fin ne dénoue d'ailleurs pas (le film se finit sur des doutes énormes). Si on ajoute à cela que le film redéfinit la Vie en cela qu'elle n'est plus le résultat des réactions chimiques observées autour de l'ADN, mais la cause directe de la conscience – ce qui, du point de vue du monde animal, ne se tient pas, mais qu'importe puisque la Vie a quasiment disparu de la Terre de l'année 2044 –, cela donne toute leur justesse aux sentiments et légitimise les robots en tant que nouvelle « espèce » dominante sur la planète.
Scientifiquement, on a remarqué que ça ne fonctionne pas, mais c'est une réflexion philosophique assez puissante qui est menée avec Automata. Insuffisante toutefois pour combler ses lacunes initiales, ainsi que le démontre une ambiance très fade et peu prenante.