Revenons au mois d’avril 2010, à 400 kms des côtes américaines, dans le Golfe du Mexique, pour suivre la plus effroyable catastrophe pétrolière que les Etats-Unis aient connue à ce jour. Parce que "Deepwater" s’appuie sur l’histoire vraie de la plate-forme de forage semi-submersible à positionnement dynamique nommée Deepwater Horizon. Pour avoir plus de renseignements techniques relatifs à cette plate-forme ultra-moderne, il vous suffit de naviguer sur le net et vous constaterez que les principales caractéristiques reprises dans le film sont rigoureusement exactes (nombre de personnes qui y travaillaient au moment des faits, nombre de propulseurs, etc…). On peut donc affirmer sans se tromper que le travail abattu sur la documentation a été rigoureux, avec entre autres la prise en compte d’un article du New York Times lui-même écrit sur le témoignage de 21 miraculés. Sans compter qu’en se faisant amener sur cette plate-forme reconstruite à 85% pour les besoins du tournage, le spectateur apprend quelques petites choses quant à la difficulté des forages (en l’occurrence en milieu maritime) et leur sécurisation avant exploitation, ainsi que sur les enjeux. Et même si le véritable Mike Williams, le personnage interprété par Mark Wahlberg, est intervenu sur le plateau de tournage en tant que consultant, j’aurai été curieux de voir sur notre site adoré Allociné l’avis d’un salarié de plate-forme pétrolière largement plébiscité par les internautes cinéphiles, à condition qu’il soit rédigé en toute bonne foi et donc de façon très professionnelle. Pourquoi ? Eh bien pour savoir si les choses se passent réellement ainsi (procédures de sécurité, etc…), car quoiqu’on en dise, il y a de quoi être scandalisé par la cumulation de faits qui a rendu cette catastrophe inévitable, à tel point qu’on pourrait avoir du mal à y croire. Cependant, du fait que cet homme ait été consultant, on peut raisonnablement penser que les faits se sont déroulés comme ils nous ont été exposés ici. Bizarrement, je n’ai eu vent d’aucune promotion médiatique concernant cette chronique pétrolière proposée par Peter Berg, tout comme cet incident à l’époque. Je ne me souviens pas en avoir entendu parler, ou alors la couverture médiatique a été si succincte que je ne m’en rappelle pas. Il faut dire que le sujet est quelque peu dérangeant, surtout pour les compagnies pétrolières. En ce qui me concerne, je ne suis allé voir ce film qu’après avoir visionné la bande annonce et vu la note donnée par les spectateurs. Après… surprise totale, que ce soit au niveau du casting, du pitch (bien que nous en connaissons les grandes lignes via le trailer), et du spectacle. Concernant le casting, on a du lourd : d’abord Mark Wahlberg, convaincant dans la peau de ce bon père de famille prévenant et plus qu’accessoirement protecteur alors en poste des systèmes électriques, informatiques et téléphoniques de la plate-forme. Wahlberg nous étonne même sur l’interprétation du choc psychologique, rappelant celle que Tom Hanks a eu l’occasion de tourner dans "Capitaine Phillips". Le réalisateur prend le temps de nous montrer les choses à priori telles qu’elles se sont passées : ainsi sont amenés les personnages les plus éminents, à commencer par Jimmy Harrell (Kurt Russell, pour moi dans un de ses meilleurs rôles) et Donald Vidrine (John Malkovich, formidablement énervant). Ensuite viennent se greffer de très bons seconds rôles, mais bel et bien importantissimes, comme Jason Anderson (Ethan Suplee), Caleb Holloway (Dylan O’Brian), Andrea Fleytas (Gina Rodriguez) et Robert Kaluza (Brad Leland). Et puis vient ce pourquoi le spectateur vient en salle : la catastrophe en elle-même. Elle arrive ni trop tôt, ni trop tard. Juste à point nommé. Un spectacle pyrotechnique rarement vu, superbe, très réaliste. Si époustouflant que vous en aurez le frisson, et que vous en serez décoiffé à la fois par l’image (offrant un spectacle magnifié par certaines prises de vue, tant et si bien que par moments, on ne peut s’empêcher de penser que c’est beau un feu, quand même) et la bande son de très très très haute qualité. Merci aux effets spéciaux qui rendent ce film particulièrement prenant, à tel point que le spectateur va être étonné d’arriver si vite au terme de ce long métrage, lequel est pourvu par ailleurs d’une belle photographie. Catastrophe ou pas, "Deepwater" est un brillant hommage aux hommes qui travaillent sur de telles structures, souvent dans des conditions difficiles (qu’elles soient climatiques ou liées à l’architecture du vaisseau sur lequel il faut sans cesse monter et descendre et dont l’étroitesse des lieux ne permet pas, le plus souvent, de se croiser sur les passerelles). L’hommage n’en sera que plus vibrant au terme du film, avec l’apparition des noms les uns après les autres, accompagnée d’images d’archives, cela sous une chanson superbe de Gary Clark Jr nommée "Take me down". Ce même générique de fin ne manque pas d’achever le travail sur les émotions du spectateur, lequel peut enfin reprendre son souffle, avec les précisions apportées sur les conséquences de ce terrible épisode pétrolier. Je ne saurai rien d’autre que de vous conseiller une chose : allez le voir au cinéma et placez-vous autant que possible vers le milieu de la salle (voire même légèrement sur le centre du premier tiers, mais pas vers l’arrière), ainsi vous ne profiterez que mieux de l’excellente répartition du son.