Peter Berg c’est un peu tout, et, rien, du brillant et de l’intime, de « Friday Night Lights » à l’infâme « Battleship » il invite plus souvent à un cinéma divertissant et emprunté, qu’à une réelle proposition artistique conjuguée à une vraie grammaire cinématographique.
Mais comme ce dernier surprend de temps en temps…on s’autorise à suivre sa filmographie. Et pour une fois, dans le paradoxe d’un film vendu comme un blockbuster, il met en scène un film catastrophe (basé sur des faits réels), à hauteur d’hommes, où il prend le temps d’observer et dépeindre des personnages qui en disent long, métaphore d’une représentation large des divers classes sociales américaines, et, sur le néolibéralisme omniprésent. Après son précédent film « Du sang et des larmes », il semble se diriger vers un cinéma hyper réaliste, sinon documenté, dans lequel certes ne brille pas la patte d’un auteur, mais d’un metteur en scène, l’efficacité prenante d’un pragmatisme ordinaire, et donc captivant par instants. Alors oui le film a plus l’odeur du pétrole (Texan), quelques clichés donc d’une Amérique so white, et manque régulièrement de subtilité, mais il parle surtout de cet autre pays, cette Amérique où la classe moyenne est devenue prolétaire, celle qu’on envoie en première ligne sur le feu. Toutes les figures et archétypes des films sociaux des années 70 (par exemple) semblent réunis et servis avec un intérêt certain, un plaisir premier, et ne pas cibler purement le box-office. La générosité de l’ensemble du casting est là, Mark Wahlberg, Kurt Russell et John Malkovich en tête sont tous très convaincants et appuient encore plus sur l’aspect réaliste du film par l’excellente tenue de leur personnage. En voulant dépeindre la pire catastrophe pétrolière américaine et en sachant que le prochain Peter Berg est à nouveau tiré d’un fait réel, « Patriots Day » (sur l’attentat du marathon de Boston), il faut croire qu’il ait trouvé un espace de jeu bien plus intéressant que par le passé et dont l’efficacité semble passer par la mise en scène d’« histoires vraies ». Marqué du sceau US certes, autant spectaculaire qu’éco responsable cependant.