"Deepwater Horizon" est un film catastrophe globalement très réussi, et bien construit, en 2 chapitres. La première partie introductive est séduisante dans sa capacité à nous attacher aux protagonistes sympathiques
(employés de la même famille, un passionné de pêche, la famille de Mike, la solidarité entre les travailleurs)
tout en multipliant les éléments prémonitoires
(l'oiseau dans l'hélice de l'hélicoptère)
et précurseurs
(influence de la finance avec les actionnaires, méconnaissance du domaine par la hiérarchie, personnels pris de haut par les patrons, frilosité ambiante des décisionnaires)
de l'une des plus grandes catastrophes écologiques des dernières années. La seconde moitié du film est quant à elle focalisée sur l'événement en question et nous plonge littéralement dans la fournaise étouffante et explosive de la plate-forme en feu. À ce niveau, il faut souligner le travail énorme de Peter Berg pour nous immerger au plus près de ce qui se passe
(destructions hallucinantes (avec des morceaux qui volent de partout, des jets de flammes, du gaz et du pétrole), scènes violentes (Mr Jimmy dans la douche, les blessures de certains), sacrifices (le grutier), manœuvres périlleuses de secours (les canots, sauter en dehors des flammes), énorme solidarité et esprit de groupe entre les ouvriers)
avec une caméra immersive proche des événements et alternant avec des plans larges de grande ampleur. Bien sûr, dans ce genre cinématographique, il est difficile d'éviter pas les bons sentiments, néanmoins le film n'en abuse pas non plus, ne virant pas dans le larmoyant exagéré
(les coups de téléphones entre les compagnes des employés sont touchants)
et choisissant le mode poignant du documentaire
(la fin avec tous les noms des vraies victimes et les images d'archives)
. Mon gros bémol dans cette reconstitution, c'est le manque global de fond et de recul. On a bien un court passage écologiquement significatif
(l'oiseau mazouté qui met le bordel dans le bateau avant de mourir)
et un soupçon de militantisme
(avec la décision judiciaire sanctionnant BP annulée)
mais ce n'est pas suffisant et la conclusion s'avère trop américaine
(le drapeau américain qui flotte, la prière grotesque, la pensée pour les victimes, l'idée que l'Amérique s'en relèvera)
au détriment de l'analyse des erreurs
(pas de remise en cause du choix pétrolier au lieu des énergies renouvelables, récit comme si une telle catastrophe était un accident unique qui ne se reproduira plus)
. Enfin, le casting est remarquable, avec Mark Wahlberg au sommet, Kurt Russell très convaincant et John Malkovich parfait en vilain de BP.