Et que deviennent ces amours que l'on oublie, que l'on bâche, que l'on mâche, que l'on honnit, ces amours si puissants qu'ils nous effacent et nous happent intensément, que deviennent-ils ? Mais surtout l'amour est-il un sentiment porté sur l'autre ou sur le moment où cet autre se projette dans notre vie, moment convergent vers la douleur très souvent ? .. Frais, vif, subtil, intelligent, morale, engagé, drôle, émouvant, attendrissant ; les adjectifs manquent évidemment lorsqu'il s'agit de parler d'un tel film, un de ces films que l'on croit avoir vu tant de fois mais qui nous marque puissamment, violemment avec une rudesse et une douceur pleine et profonde.. Qu'en dire ? Un jeune fils issu d'un milieu modeste tente de s'insérer dans le milieu de la grande bourgeoisie ( l'action se passe dans les années 80 ) et va vite comprendre que la haute condition sociale ne constitue en rien le substrat d'une personne, d'un être. Alors c'est tout au long du film que l'idéologie se révèle, les gens sur lesquels on peut compter ne sont pas ceux qui sont facticement là pour nous, les liens, l'amour, l'amitié sont ailleurs, métaphysiquement au-delà de ça, sur les toits de Paris, dans un texte, un regard, une étreinte, une larme.. Ainsi s'ouvre la vie, la pure, la seule, avec ses douleurs énormes et ses sauts dans le vide, ses folies que l'on ne regrette pas, ses regrets et ses joies ; en ça 'J'aime regarder les filles' est un condensé merveilleux, sachant heurter le spectateur aussi bien sentimentalement, qu'intellectuellement et amène avec finesse et patience de grandes questions tout en prenant clairement position. Finalement, il est impossible d'en parler tant ce film possède intrinsèquement ses propres raisonnements et ses solutions. A noter que la troupe d'acteurs est parfaite et jamais agaçante.. "Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : “ J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui."