Un film fort , dérangeant , dont on ne sait pas toujours quoi penser. On sent que c'est parfois "mal fichu", invraisemblable, irritant , et puis pourtant c'est un film qui marque et dont on se souvient parfaitement bien 6 mois après. C'est un film rigoureux, violent , "malsain" dans le sens où il est politiquement incorrect et ne respecte pas les règles. Les relations entre les deux acteurs principaux sont bien sûr complexes et l'on se doute qu'il y a un secret que le film dévoilera. C'est pesant , c'est étouffant, la vie dans la vallée est une sorte de voyage au bout du sordide , c'est le Lumpen Prolétariat du monde des Alpages. Même si il y a quelques moments de bonheur, mais ces moments sont chapardés , comme le sont les objets revendus dans la vallée . Tout est faux , tout est vol, "la propriété c'est le vol" , ce gosse n'a rien , ni les objets qu'il se réapproprie, , ni les sentiments qu'il croit ressentir, mais que personne ne peut recevoir. . Lea Seydoux est remarquable dans ce rôle si difficile , parfaitement juste , si écorchée , de fille perdue, sale , qui ne peut pas s'en sortir, y compris dans les scènes extrêmes. Son baton de survie c'est Kacey, mais lui aussi plonge . Ses montées à la station où il y a la "vraie vie " , des vraies familles, mais aussi des vrais travailleurs smicards, qui ne volent pas , mais qui voudraient bien, cette montée est en fait une descente, une descente aux enfers pour lui. Il s' approche du soleil , de la famille idéale, bien interprété par Gillian, mais tel Icare il va se brûler les ailes.. Ce n'est pas moralisateur du tout , c'est du cinéma "pur" , proche d'une sorte de cinéma "vero" des années 70. Mais avec un charme bluffant. On sort perturbé , secoué , mais tellement heureux d'avoir vu quelque chose de différent , et qui ose . Un film innovant , une "vraie " création artistique . Du cinéma quoi...