L'histoire d'un moins que rien du niveau inférieur qui va prendre les miettes des gagnants des niveaux supérieurs.
Il n'y a pas si longtemps, il restait deux espaces paradisiaques préservés où le vol n'avait pas sa place, la plage (je ne parle pas de celles de Marseille) et les stations de ski. Hélas, même dans les hauteurs des dieux tout blancs immaculés, la trêve des confiseurs a cessé. Faute de combattants éduqués sans doute, la pauvreté n'ayant pas changé.
C'est donc cette histoire de deux ou trois derniers tabous qu'essaye d'écrire la réalisatrice de l'excellent "Home". Vol, deux fois symbolique, inceste, et statut inamovible de la mère à une époque où la naissance est enfin choisie par les gens responsables. Sauf qu'une mère peut-être une pétasse et une salope comme une autre.
Évidemment, comme dans son précédent opus, on soulignera son courage de remettre en cause la sacro sainte croyance en la famille havre de paix, sauf qu'avec Isabelle Huppert en fol-dingue, on était en train de planer, avec Léa c'est tout doux, on atterrit douloureusement dans un ersatz des frères Dardenne.
Aucun problème sur les acteurs, sur le côté malsain qui effleure souvent de ces destins brisés qui n'ont rien à envier aux fantasmes bourgeois, qu'ils soient désœuvrés ou pervers. Ce gauchisme de bon aloi est presque rafraîchissant tellement il flirte avec l'extrême droite la plus décomplexée. Oui, les pauvres, continuez à vous multiplier avec talent, vous faîtes honneur à votre rang et le bonheur illumine vos soirées.
Il y a deux twists de scénario bienvenus, il y a une propreté d'image rare dans ce type de réalisation indé, comme dans « Home ».
Ce n'est peut-être qu'un accident de parcours, courage, laissons une chance à une jeune réalisatrice qui, effrayée par son originalité et son talent a voulu singer les maîtres du néo réalisme de gauche sans laisser parler son cœur moins ancré et sa géniale fibre artistique.
Reste un superbe pamphlet sur les pauvres, que l'on analysera comme l'on veut suivant son bord politique, contrairement aux délires séniles d'un Guédiguian par exemple. Car la rigueur de la réalisatrice fait merveille dans le constat de l'intérêt de certains choix.
Par contre, si vous voulez vous divertir ou oublier notre dur quotidien, je propose plutôt les pirates !
NOTA : il m'a fallu passer sur la fiche film d'Allo Ciné pour reconnaître la superbe anglaise des cimes, Scully tout simplement, jamais elle n'a été aussi belle ! Vivement qu'elle reparte à l'assaut du septième art.