En quelques années, Noam Baumach s’est imposé comme le plus à même de reprendre le travail de Woody Allen là où ce dernier le laissera tôt ou tard, à la notable exception près que le Dauphin préfère ouvertement, à l’exploration badine des mystères des sentiments l’analyse sous anxiolytique de la condition d’être humain dans le New York du nouveau millénaire. Ce sont sans doute les limites de ce cinéaste, globalement subtil mais désespérément prisonnier de la petite sphère culturelle qu’il fréquente. Josh et Cornelia, couple de documentaristes quadragénaires aisés mais vaguement éteints sympathisent avec un autre couple, plus jeune de vingt ans : elle fait du yaourt bio, il se rêve en futur génie du documentaire, ce qui titille les pulsions de mentor de son aîné. au contact de cette jeunesse hipstérisée jusqu’à la caricature, le couple englué dans sa routine et ses projets avortés va retrouver une seconde jeunesse...mais maîtrisent-t-ils bien tous les codes d’une génération déjà prête à prendre leur suite ? C’est sans véritable surprise que se déploie ce petit drame existentiel qui traite de la crainte de vieillir, du choc des générations et de l’égotisme parfois ridicule du processus créatif, mais certaines scènes du film sont franchement drôles (la processus de mimétisme en split-screen, le week-end chez le gourou,...) et c’est définitivement chez Baumbach que Ben Stiller livre ses plus belles prestations. Toutefois, il est patent que le réalisateur est totalement prisonnier de ce microcosme artistico-cultureux dont il brocarde paradoxalement les travers avec une certaine finesse : les références culturelles, les lieux, les enjeux, les difficultés,...tout cela ne concerne qu’un tout petit univers très incestueux, qu’on retrouve dans la plupart des grandes métropoles du monde mais qui, au cinéma, semble particulièrement florissant à New York. Aussi déconnecté de la réalité que peut l’être la comédie de moeurs parigote, le résultat, certes bien écrit, plus orchestré et construit que le vaporeux “Frances Ha� dans lequel Greta Gerwig se laissait porter au gré des événements, finit par s’apparenter à l’observation sociologique des petits drames qui secouent un milieu privilégié, par un observateur interne qui ne peut et ne veut pas se montrer trop cinglant avec ses pairs.