Figure de proue du « mumblecore », Noah Baumbach nous laissait en 2012 dans le sillage de Cassavetes et de la Nouvelle Vague avec Frances Ha. Pour son sixième long-métrage, Baumbach fait revenir Ben Stiller à ses côtés et remplace sa muse, Greta Gerwig, par la charmante Naomi Watts. Comme d'habitude, l'histoire nous ramène à des New-Yorkais confrontés à une crise (ici, celle de la quarantaine) et qui pensent trouver la solution à leurs problèmes par le biais d'autres protagonistes (ici, un jeune couple branché). Sans passer par les clichés des comédies habituelles, While We’re Young explore le gouffre d'un écart générationnel qui ne cesse de s'ouvrir au fil du temps, confrontant la jeune génération d'acteurs à celle qui a su faire les beaux jours de l'Hollywood des années 90/2000. Le réalisateur y déclare aussi sa flamme pour le cinéma documentaire, à travers l'ambition commune de ses protagonistes, tout en portant un regard lucide sur la production actuelle. À la question « le cinéma documentaire n'est-il pas devenu un cinéma de fiction ? », Baumbach y répond par une situation nébuleuse où l'homme ambitieux vampirise celui dont les intentions sont les plus nobles. Toujours l'amertume, toujours le décalage face à cette société irrationnelle. Côté musique, on retrouve des sonorités légères, proches des films de son ami Wes Anderson.
Sauf que le système s'use un peu à la longue… En voulant jouer la carte de la comédie qui se veut sympathique et dans l'air du temps, le film finit par livrer un guide du parfait petit hipster, alourdissant son ambiance générale. Quand à la question de la paternité, elle ne prend aucune dimension car on peine à croire au couple Stiller/Watts. Pour ce qui est du regard porté sur une jeunesse pleine de fraîcheur et d’insouciance, on préfère celui, plus subtile et mélancolique, présent 5 ans plus tôt dans Greenberg. Si les intentions du film sont louables, sa seconde partie s'avère assez longue et patine dans une semoule aux ficelles assez visibles ! Avec une Naomi Watts en dessous du reste du casting et une Amanda Seyfried cantonnée au second rôle, on ne s'attache ni aux personnages, ni à leur histoire farfelue… On aurait aimé adorer ce film, mais il manque clairement quelque chose dans l'écriture pour lui conférer un véritable charme.
Déception pour le nouveau film de Noah Baumbach qui zigzague entre comédie désenchantée et drame grinçant. Si le cinéaste a su s'extraire de la masse indépendante du cinéma américain, il signe ici son film le plus conventionnel. Et si celui-ci ne manque pas d'inspiration, il laisse tout de même un certain sentiment d'inachevé…
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