J’étais plutôt optimiste sur la qualité du film, peut-être dernier d’Hayao Miyazaki.
J’ai commencé à tiquer lors du prologue avec l’incendie à Tokyo. Même chose lors du déménagement de la famille à la campagne. Quelque chose cloche.
Le reste du film parle pour lui-même : la qualité de l’animation et les effets de mise en scène cache assez mal le pot aux roses :
Le scénario est mal écrit, bourré d’incohérences multiples, d’absence de développement psychologique ou de la moindre séquence d’exposition : on ne comprendra jamais la psychologique du héros, les tenants et aboutissants de l’histoire, le leitmotiv de la mère adoptive, etc.
Le héros est taiseux, la plupart des personnages ne disent pas ce qu’ils pensent, dès lors, le film devient assez long, frustrant, malgré les images magnifiques, et les innombrables séquences d’actions, et l’univers fantasmagorique, inspiré des contes occidentaux et du folklore japonais.
Un autre reproche au film, et qu’il m’a rappelé Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, imaginée comme une suite, reprenant la mise en scène typique des années 80 de Steven Spielberg. Mais le hic, c’est que ce film n’a pas été mis en scène par un réalisateur inspiré de Miyazaki, mais par le Miyazaki lui-même.
Comme si le maitre se copiait lui-même, livrant un immense décalque de ses précédents films, comme un immense patchwork improvisé, allant dans toutes les directions jusqu’au final explosif.
Le film a longuement été pensé en terme d’animation et de mise en scène, mais pas en terme de scénario, comme si Miyazaki adaptait une suite à l’un de ses films, omettant de présenter son contexte historique (la Seconde Guerre Mondiale, les bombardements américains sur Tokyo, le militarisme japonais), ses personnages.
Dès lors, le film perd sa magie, sa poésie, son émerveillement auprès du spectateur.
On sent d’ailleurs que le héros taiseux Mahito n’est pas sensible au surnaturel, au monde parallèle, lui donnant un côté froid et belliqueux : le héron qui rôde autour de chez lui l’insupporte, il se met donc en tête de le tuer!
J’ai toujours le sentiment que les personnages sont raccourcis à leur fonction utilitariste : Mahito est le héros qui fonce tête baissée, le Héron est le guide dans le monde fantastique, la sorcière Himi sauve le héros au moment critique, Kiriko acclimate le héros au nouveau monde, etc.
Le long-métrage est donc pétris de défauts, d’incohérences, que Miyazaki tente de dissimuler devant de pittoresques séquences surnaturelles et des scènes d’action grandioses.