Celui-là, on l'attendait avec assez d'impatience. Rien qu'en voyant le nombre de Secrets de tournage publiés dans la rubrique "Le Saviez vous" (47!!!), on ne peut qu'être persuadé que "La Conquête" a fait couler beaucoup d'encre et à provoquer des sueurs froides à plus d'un. D'une part parce que c'est assez osé de sortir, en plein mandat Sarkoziste, un film politique ouvertement inspiré de faits réels, retraçant l'ascension de Nicolas Sarkozy à la présidence de 2007. Cette démarche, bien que louable, est aussi très contestable ... Car, d'une autre part,qui dit Biopic politique dit engagement et prise de position. Bien que "La Conquête" ne se mouille pas vraiment de ce côté-là, certaines scènes ne sonnent pas comme totalement neutres et objective. Bien sur, il est quasi-impossible de réaliser un tel film sans vraiment livrer son opinion, même en filigrane. Heureusement ici tout a été pensé avec retenu, sans énormes prises de risques. Assez dramatique et sobre, plus rarement comique, le film se laisse bien voir malgré des débuts laborieux, faute à un contenu très dense et qui sollicite sans arrêt l'attention et la réflexion du spectateur qui doit se remémorer les grands moments politiques ayant ponctués cette campagne présidentielle 2007. L'essentielle de l'histoire est centrée autours de Sarkozy, à travers trois grands tableaux: sa relation conflictuelle avec sa femme de l'époque, Cécilia Sarkozy; celle avec Dominique de Villepin, teigneuse mais amusante: et enfin celle avec Jacques Chirac, laborieuse et ambiguë . Le film retrace parfaitement les querelles intestines qu'a connu l'UMP durant cette période phare ainsi que les ambitions, le culot mais aussi les bêtises de Nicolas Sarkozy. Un Nicolas plus vrai que nature, incroyablement interprété par Denis Podalydès: mimiques, intonation, gestuelle, tout est là afin de donner vie à cette bluffante reproduction de Sarkozy, malgré un physique assez différent. Soit dit en passant, les comédiens sont tous excellents et très biens dans leurs baskets, pour la plupart très crédibles dans leur peau de politicards: Bernard Le Coq fait un excellent Chirac, Hippolyte Girardot EST Claude Guéant, Samuel Labarthe ressemble comme deux goutes d'eau à De Villepin (ou presque) et Florence Pernel endosse avec beaucoup de tact le rôle de Cécilia Sarkozy. Malgré une mise en scène inévitablement convenue et quelques longueurs, "La Conquête" fourni assez d'informations et de plaisir pour que l'on en ressorte assez satisfait. Il faut aimer un minimum la politique, être ouvert d'esprit et ne pas être à fleur de peau évidement. Il faut aussi s’intéresser de loin comme de près aux magouilles et tristes manœuvres politiques, dans un univers ou l'hypocrisie, la soif de pouvoir, la course à la popularité et à la médiatisation à-tout-prix l'emporte largement sur la modestie, la franchise et le sens de la répartie. Évidement au final "La Conquête" fait plus pub à Sarkozy qu'elle ne nuit à son règne politique. Malgré tout, ce film est réussi, bien que loin d'être extraordinaire mais assez convaincant pour "Conquérir" notre estime. Après, cela dépend des couleurs politiques de chacun, bien entendu. 12.5/20